Une lettre au comptoir, 2020
- alanageday
- 26 mai
- 3 min de lecture

« Cher Monsieur le clown Ronald Macdonald,
Je me présente à vous avant de vous expliquer l’objet de cette lettre. Je m’appelle Tracy Ashford, et je suis née dans le Michigan en mars 1990. Je n’ai pas donné le jour de ma naissance à la direction quand j’ai été embauchée chez Macdonald. Cette corporation est une belle famille, mais je refuse que l’on célèbre mon anniversaire dans les coulisses de ce restaurant. Je n’ai pas honte que mes collègues me chantent un joyeux anniversaire, mais je refuse. L’objet de ma lettre est plus profond que ça. Je souhaite avant tout des avantages fiscaux de la corporation Macdonald, des avantages financiers, des actions de l’entreprise, et aussi une légère hausse de ma paye horaire. Vous savez Monsieur le clown Ronald Macdonald, je ne suis pas n’importe qui. Je suis Tracy Ashford, une femme américaine née au Michigan, et je suis fière.
Je travaille dans ce Macdonald depuis quinze ans maintenant. Enfin j’ai entamé la quinzième année en mars 2020. Et je n’ai toujours pas révélé la date de mon anniversaire à cette belle famille qui s’appelle Macdonald. Aussi je connais les chiffres de cette corporation sur le bout des doigts. Macdonald vend 29 Big Mac chaque seconde dans le monde, soit plus de 900 millions de Big Mac par année. Et ce n’est pas parce que l’on me chante un joyeux anniversaire et que l’on m’offre un menu Big Mac le jour de mon anniversaire, que je compte en rester là ! Vous voyez ! Vous lisez un peu les chiffres ! Et moi, Tracy Ashford, dans tout cela, que suis-je ? McDonald est la plus grande chaîne de restaurants au monde en termes de revenus, servant quotidiennement plus de 69 millions de clients dans plus de 100 pays. Le Big Mac le plus cher est vendu en Suisse et le Big Mac le moins cher est vendu en Inde. Je ne suis pas dupe. Votre Big Mac est devenu un indice de niveau de vie. Et moi dans toute cette histoire de Big Mac, que suis-je ? Je ne compte pas me taire et en rester là. C’est pour cela que je mets au défi toute la corporation Macdonald sous peine de procès d’envergure nationale premièrement, puis internationale. Je contacterai les médias et les journalistes pour leur expliquer que les employés de Macdonald ont droit à leur part du marché. Macdonald a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards de dollars en 2019. Je vais me battre jusqu’au bout. C’est la raison pour laquelle, je vous réclame une part publique de cette corporation. Je demande un geste de votre part. Et je vous menace !
Les frères Macdonald, Richard et Maurice, ont peut-être vendu leur formule secrète du Big Mac pour quelques millions de dollars. Et jusqu’ici, aucune institution n’arrive à savoir comment préparer un Big Mac. C’est un savoir-faire américain dont je ne suis pas peu fière. Et pourtant j’ai essayé maintes fois de voler la recette secrète du Big Mac. Le Big Mac est avant tout un pain bun coupé en trois avec des graines de sésame sur le dessus, des protéines comme le bœuf, des cornichons, des oignons, du fromage et bien sûr de la salade. Et toute cette salade qu’est votre Big Mac, je la révèlerai au monde entier. Votre recette secrète n’est rien pour moi. Et bien sûr, étant donné que ma lettre n’est pas publique, vous et moi savez qu’il y a les additifs et la sauce secrète du Big Mac. Je suis une femme engagée ! Je ne compte pas m’arrêter là dans mes menaces. Si vous ne faites pas un geste en ma faveur, j’emmènerai votre sauce Big Mac dans un laboratoire afin qu’elle soit analysée. Et je révèlerai le secret du Big Mac à d’autres entreprises qui me payeront des centaines de milliers de dollars !
Je ne doute pas que votre corporation fait beaucoup de bien à travers le monde. Je ne doute pas de l’existence de Macdonald casher en Israël et encore moins des menus Big Mac servi à des réfugiés au Japon, des terrains de jeux pour enfants ou encore de la participation de Macdonald dans le jeu de société Monopoly. Mais moi ? Qu’est ce qui j’y gagne dans toute cette histoire ? Je suis fière de travailler pour un géant de l’économie américaine, et je souhaite une compensation, quelle qu’elle soit. J’espère, Monsieur le clown Ronald Macdonald, que l’objet de ma lettre ne vous laisse pas indifférent, qu’elle vous amènera à réfléchir deux fois avant d’employer quiconque.
Votre employée,
Tracy Ashford ».
Alan Alfredo Geday