romans historiques
Il était une fois Wanda
Roman d'Alan Alfredo Geday
Extrait (Partie I)
Wanda regarde sa bague de fiançailles. Elle observe les éclats de diamant se réfléchir sur la fenêtre du train. Elle est magnifique. Après Boris, c’est ce qu’elle détient de plus précieux. Elle a tout fait pour la sauver des révoltes bolchéviques. Le jour où ils avaient pillé leur appartement de Saint-Pétersbourg, elle avait glissé la bague d’Igor dans son corsage. Au moins, elle était certaine que les émeutiers ne l’emporteraient pas sans elle. Elle réfléchit. Ce train est son destin. Elle a l’impression d’avoir déjà vécu ce moment, comme un rêve qu’elle réalise. Ce paysage qui défile, elle l’a déjà vu. Cette langue française des voyageurs, elle l’a déjà entendue, et elle la parle et la comprend depuis ses années à Lausanne. Ce réconfort qu’elle espère trouver en France, elle l’a déjà ressenti. Comme si tout avait été écrit. Serait-ce le début d’une vie nouvelle ?
Le blues du pêcheur
Roman d'Alan Alfredo Geday
Extrait (Partie I)
« Maman,
Comme tu vois, je ne t’ai pas oubliée. Quatre mois déjà que je suis à Marseille. Le temps est passé vite, j’ai eu tant à faire, j’ai eu tant à apprendre et à découvrir. Marseille est grande. Elle m’a étourdi d’abord, puis elle m’a enchanté. Je m’y sens libre. L’anonymat a quelque chose d’exaltant. Livourne est un bourg comparé à Marseille. Je crois qu’il me serait impossible d’y vivre maintenant, je m’y sentirais enchaîné à une vie trop étroite. Ici, on peut trouver du travail, on peut tenter sa chance. Il y a beaucoup d’Italiens à Marseille. Je ne suis pas trop dépaysé. Nous, les Italiens, on vit en communauté, on se serre les coudes, tous confinés dans le quartier de la Belle de Mai. Les Français nous appellent les babi. On voit souvent des affiches dans la rue : « Immigrés italiens dehors, travailleurs français ! » Quelques escrocs m’ont même proposé une fausse carte d’identité si je soutenais le parti socialiste. Mais avec mon accent à couper au couteau et mon peu de vocabulaire, ce n’est pas demain la veille qu’on cessera de m’appeler macaroni. Ces sales gens ne doivent pas connaître notre cuisine pour en faire une insulte ! Ton cacciucco me manque, nos longues discussions aussi. »