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Un monde de conseil, 1950

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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Morgan n’a que seize ans. Et il n’a pas peur. Les bagarres de rue, il les connait bien. Ces gars saouls qui veulent vous détrousser, il les connait bien aussi. Mais Morgan n’est pas du genre à se laisser faire. C’est un boxeur de rue ! Il est sûr de ses attaques et de ses ripostes. Son monde à lui, c’est la boxe. Et ici à Brooklyn, ce sont les boxeurs qui font la loi. Ils réunissent le public de quartier pour venir assister à leur performance, à leur passion. C’est la loi du plus fort, du plus agile et du plus subtil. « Il faut éviter de se prendre des coups trop brusques, il faut jongler comme une sauterelle sur le ring ! » le conseille son l’entraineur Billy. Au prochain round, Morgan espère bien mettre au tapis son adversaire en le coinçant dans un coin du ring. Alors seulement là, il pourra lui attribuer une série de coup. « Des coups droits du côté gauche ! » hurle Billy alors qu’il reste une vingtaine de secondes avant le début du prochain round. La cloche du ring tinte. « Vas-y mon mec ! » s’enthousiasme le coach.

 

Les spectateurs de Brooklyn sont euphoriques. Ils hurlent le nom de Morgan. Ce sera peut-être un futur champion. Qui sait ? Morgan esquive les coups de son adversaire de justesse. Il s’agit maintenant de coincer la bête féroce dans un coin du ring. Pas facile ! Pas du tout ! « Mon mec, comme je t’ai dit ! » hurle Billy qui surveille le combat. Les spectateurs se lèvent de leur siège. Morgan a réussi à coincer son adversaire contre les cordes. Il lâche les gauches redoutables. L’adversaire est à bout quand enfin la cloche tinte pour signaler la fin du round. On entend des huées parmi le public qui voulait voir cet adversaire s’effondrer KO. Billy n’en avait rien à faire que Morgan quitte l’école pour apprendre la boxe. Il est plein de conseils. Il a des allures d’escroc, mais c’est le meilleur entraineur de Brooklyn. Et lui Morgan, haut de ses seize ans, est si fier de boxer à Brooklyn. Ses yeux miroitent devant ce public newyorkais qui le soutient. « Morgan ! Morgan ! » entend-on dans les gradins.

 

« Continue comme ça mec ! Tu es parfait ! » lance Billy à son élève qui retire son protège-dents. Billy lui tend une gourde afin qu’il se rince et crache. « Continue mec ! Donne toi deux rounds, et ce gaillard, tu le termines ! Ces gens de Brooklyn ont tout misé sur toi ! » Morgan approuve. Il va lui éclater la cervelle, il va le détruire comme un tronc d’arbre qui tombe. « N’oublie pas la sauterelle ! » insiste Billy. La cloche sonne et il faut reprendre le combat. Morgan se lève, sûr de lui, les poings protégeant son visage. Il tourne en rond, et son adversaire commence à voir le vertige quand Morgan lâche un coup du droit dans l’estomac de son adversaire. Ce dernier titube sous l’acclamation du public de Brooklyn. Il titube encore une fois quand Billy conseille de vive voix : « Donne lui un crochet du gauche ! » Morgan s’exécute et l’adversaire s’effondre sous les cris de joie de la foule.

 

Billy a toujours été de bon conseil pour Morgan. À quoi bon l’école quand il y a des rings à Brooklyn ? À quoi bon savoir calculer quand on peut utiliser ses bras et ses poings ! « Morgan, je te promets que si tu m’écoutes, tu vas y arriver ! Le chemin est long mais tout tracé ! Il faut s’entrainer ! S’entrainer à frapper, pas plus fort mais mieux ! À surtout placer ses coups ! » répète l’entraineur. Morgan adore la boxe ! C’est surtout ce moment où le combat est terminé et qu’il est ovationné par le public de Brooklyn. Les spectateurs se lèvent en applaudissant. Ce soir, ils avaient misé gros sur Morgan. Ce gosse ne les laisse pas quitter avec déception de la salle de boxe. Morgan a encore fait des siennes. Lancer ses gants à la foule, et serrer les dents.

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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