Un dernier baiser, 1942
- alanageday
- il y a 2 jours
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Londres est à sang ! Londres est à feu ! Mais la capitale du Royaume et de l’Empire britannique ne sera jamais vaincue. Détruite, mais jamais vaincue ! « Nous ne nous rendrons jamais et même si, ce que je ne crois pas pour l'instant, cette île ou une grande partie d'entre elle était soumise et affamée, notre empire au-delà des mers, armé et gardé par la flotte britannique, poursuivra la lutte jusqu'à ce que, au moment voulu par Dieu, le Nouveau Monde, avec toute sa puissance et son pouvoir, se mette en marche pour libérer et sauver l'Ancien », déclara fièrement Winston Churchill devant son peuple ému aux larmes deux ans plus tôt. L’un des plus beaux discours du Vieux Lion. Mais Londres est la cible préférée de la Luftwaffe nazie. Et l’ennemi en profite pour envoyer sur l’île des missiles de croisière V-1, des fusées V-2 et les l'infructueux « canon de Londres », V-3. La population se réfugie dans les stations de métro, elle fuit vers les campagnes, elle se cache dans des abris et des souterrains. Les collections du Musée d'histoire naturelle sont évacuées vers diverses demeures seigneuriales à la campagne. Le musée est resté ouvert par intermittence tout au long de la guerre. Car les Londoniens ne comptent pas s’arrêter de vivre pour autant !
Aujourd’hui, la gare est agitée. Les familles se ruent dans les trains qui les mèneront au Sud-Ouest du Royaume, à l’abri des missiles. Les soldats, quant à eux, partent pour défendre leur pays, et laissent derrière eux femmes et enfants inquiets. Advienne que pourra, leur vie est entre les mains du Tout-Puissant, leur devoir est de défendre leur île ! Cette île de toujours qui n’a jamais pris son indépendance d’aucune nation. Ici c’est Londres, c’est l’Empire britannique que le démon agace. Adolph Hitler veut envahir le Royaume-Uni.
— Tu m’écriras des lettres ? demande Elizabeth.
— Toujours je t’écrirai ! Il n’y a pas de mots pour décrire l’amour que je porte pour toi, répond James, les larmes aux yeux
— N’aie pas peur, je serai toujours à tes côtés. Advienne que pourra ! Quand la guerre sera terminée, tu rentreras à la maison. Et là notre petite sera heureuse de te revoir ! On ira se balader à Hide Park, on achètera une maison, on se tiendra la main, on se fera des baisers langoureux ! La guerre est atroce, James ! Et nous, le peuple anglais, allons mettre fin au démon, au monstre qui envahit l’Europe. C’est notre île !
— Oui, mon amour ! C’est notre île et rien ne peut nous empêcher de vivre ! Vive Churchill et vive la victoire des Anglais !
— Quand tu reviendras, je veux que l’on…
— Elizabeth, je dois partir…
Les locomotives commencent à ronfler et bringuebaler. Les soldats montent à bord des wagons. Elizabeth tient fort la main de James. On entend les sifflets des agents sur les quais. Elizabeth avance avec le train en tenant la main de son amant. Elle approche son visage de son amoureux, et lui tend un baiser d’adieu. Un dernier baiser ! Elle ne peut plus rattraper le train qui commence à prendre de la cadence. Elle court sur le quai avec les autres femmes en agitant son mouchoir. Quand tout à coup, elle s’effondre. Elle essuie d’un revers de main les larmes qui coulent sur son visage. « Je t’aime ! » hurle-t-elle.
Alan Alfredo Geday