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Un accueil chaleureux, 1956


 

À Kaduna, dans le nord du Nigéria, de petits drapeaux à la main, les Nigérianes attendent sur le tarmac de l’aéroport l’arrivée d’invités de prestige. Le Nigéria est une colonie britannique et le nord du pays un protectorat anglais. Pieds nus et habillées en tenues traditionnelles aux couleurs chatoyantes, les femmes nigérianes se rassemblent non loin de la piste d’atterrissage. L’avion DC-3 ne va pas tarder et les autorités locales ont organisé un accueil chaleureux pour les invités qui viennent visiter le Nord de la colonie britannique. On entend un vrombissement de moteur. L’avion approche. Les femmes s'enthousiasment. Les robes virevoltent, un léger vent de poussière vient balayer la piste de terre battue de l’aéroport de Kaduna.

 

L’avion se pose. Les Nigérianes s’impatientent. La reine Elizabeth II et son mari le duc d’Édimbourg visitent le protectorat du Nord en compagnie de Frederick Lugard et de sa femme Flora Shaw. Frederick Lugard, haut-commissaire et administrateur colonial du Nigéria, avait donné ses directives : « Il n’y aura aucune diplomatie ! » Le haut-commissaire a bien fait de le préciser, car le Nigéria tente en vain, depuis quelques années, d’obtenir son indépendance. L’avion s’arrête sur la piste, et les escaliers roulent vers la porte de l’engin. Un tapis rouge est déroulé, il s’agit d’accueillir les invités avec solennité. La porte du DC-3 s’ouvre. La reine Elizabeth II est la première à descendre, comme le veut le protocole. Elle est suivie de son mari, le duc d’Édimbourg. Les Nigérianes agitent leur drapeau. La reine Elizabeth II salue les responsables du protectorat du Nord en présence de Frederick Lugard. Elle tend sa main à chacun des responsables et des fonctionnaires britanniques. Les Nigérianes sont heureuses et comblées par cette visite. Mais la femme qui attire le plus leur attention n’est pas la reine Elizabeth II, c’est la femme du haut-commissaire, Flora Shaw.

 

Flora Shaw n’est pas juste la femme de Frederick Lugard. Elle est journaliste et écrivaine. Dans un essai publié pour la première fois dans le Times le 8 janvier 1897, par « Miss Shaw », elle a suggéré le nom « Nigéria » pour le protectorat britannique sur le fleuve Niger. En effet, les colonies n’avaient pas été nommées auparavant et dépendaient de l’Empire britannique. Le nom de « Nigéria » est magnifique pour leur colonie. Les emblèmes sont représentatifs de cette future nation qui souhaite l’indépendance. Le bouclier noir et les bandes vertes et blanches représentent le sol fertile, les deux chevaux la dignité, et l’aigle la force.

 

Les salutations, diplomatiques ou pas, se terminent. La reine marche vers les femmes qui font flotter les drapeaux. Les Nigérianes se mettent à chanter. On entend des chants traditionnels aux couleurs de la Grande-Bretagne. À l’approche de la reine, les femmes nigérianes lancent des fleurs rouges. Les fleurs rouges, Coctus Spectabilis, sont les fleurs nationales du pays. La reine Elizabeth les salue d’un geste de la main. Les femmes sont émues et touchées. Le dernier pétale tombe sur le sol. Il est temps pour nos invités de visiter le protectorat du Nord Nigéria.

 

Alan Alfredo Geday

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