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Robin des Bois, 1940


 

— Viens t’asseoir John, je veux te raconter une histoire…, dit le grand-père à son petit-fils.

          — Quelle histoire ? demande John.

        — Il était une fois, il y a fort longtemps, en Angleterre, en plein milieu de Nottingham, une forêt. Elle était riche en chênes, en bouleaux et en fougères. Les bêtes sauvages se tapissaient dans les sous-bois. Et d’étranges masures et cabanes abritaient des malfaiteurs…, improvise le grand-père en montrant les images du livre illustré.

          — Y avait-il des lions dans cette forêt ? demande John.

        — Il n’y avait pas de lions, mais des loups qui hurlaient, des sangliers qui chargeaient, et des oiseaux de proie aux yeux perçants. La forêt de Nottingham s’appelait Sherwood.

         — Pourquoi me parles-tu de cette forêt ?

         — Car, dans la forêt de Sherwood, vivait Robin des Bois !

         — Pourquoi vivait-il dans la forêt ? C’était un sauvage ?

        — C’est une longue histoire. Robin des Bois ne porta pas toujours ce nom. Il était, avant de se réfugier dans la forêt de Sherwood, un Lord courtois, riche et respecté.

         — Qu’est-ce qu’un Lord ?

      — C’est un seigneur anglais, c’est-à-dire un homme qui possède des terres sur lesquelles vivent et travaillent de nombreux paysans. Il est noble et il obéit au roi.

         — C’est comme un directeur ou comme un chevalier ?

         — Un peu les deux… répond le grand-père en se caressant la moustache avec perplexité.

         — Et alors, papi, pourquoi le directeur-chevalier est allé vivre dans la forêt ?

         — Laisse-moi continuer mon histoire ! Je perds le fil à force d’être interrompu ! Alors je disais… Lord Robin de Loxley menait une vie agréable dans son château, et il avait une compagne que l’on appelait la Belle Marianne.

          — Alors elle était belle ? Et Robin était beau, lui aussi ? s’enthousiasme John.

         — Oui, oui… Ils étaient beaux et heureux. Mais un jour, Lord Robin fut convoqué pour participer aux croisades contre les Sarrasins.

— Qu’est-ce que c’est une croisade ? Et les Sarrasins ? Comme les galettes de sarrasin ?

— Les croisades, c’était une guerre de religion. Les Chrétiens se battaient contre les Musulmans. Les Anglais étaient des Chrétiens, et les Sarrasins des Musulmans. En tant que Lord, Robin devait aller se battre pour sa religion. Alors, il s’exécuta sur le champ, laissant Marianne derrière lui. Il avait bon cœur, il était doux et serviable. Il croyait dans les croisades, il se battait de tout cœur pour le christianisme. Mais un beau jour, il s’opposa à la volonté de son commandant d’exécuter des Sarrasins qui n’étaient pas armés. Robin ne voulait pas s’attaquer à des gens sans défense, c’était contre ses principes. Aucun chevalier n’affronte son ennemi déloyalement.

— Qu’est ce qu’il s’est passé pour Robin, alors ?

— Il fut renvoyé à Nottingham pour trahison. À son retour, malheureusement, le shérif de Nottingham lui avait confisqué tous ses biens et ses terres. Il devint pauvre et désemparé. Il ne revit plus Marianne, car le shérif l’avait déclaré mort depuis deux ans. Et c’est là, mon petit-fils, qu’entre en jeu la forêt de Sherwood. Robin se cacha dans la forêt. On l’appela ainsi Robin des Bois.

— Qu’est-ce qu’il a fait dans la forêt ?

— Robin des Bois réunit tous ceux qui étaient en colère contre le shérif dans la forêt de Sherwood. Il fut vite reconnu comme le chef de ces hors-la-loi, parce qu’il était courageux et bon combattant. Il était le meilleur tireur à l’arc de toute la forêt, et même, disait-on, de toute l’Angleterre. Et ensemble, ils complotèrent et agirent pour voler les riches et redistribuer leur butin aux pauvres. Ils voulaient plus de justice, plus d’équité ! Ils voulaient que chacun puisse vivre décemment !

— Alors c’était un héros ce Robin des Bois ! Et après, que s’est-il passé ?

— Un beau jour, Robin des Bois et ses compagnons interceptèrent une caravane transportant la fortune du shérif hors de Nottingham. Elle était destinée à être livrée à l'armée sarrasine. Parce que le shérif, et même l’église, finançaient l’armée ennemie pour détrôner le roi d’Angleterre ! Toute cette histoire de croisade était un stratagème contre la couronne ! Bref, Robin mena alors une bataille contre le shérif et ses forces corrompues. Et au cours de l'affrontement, Robin partagea un long baiser avec Marianne. Il n’avait pas perdu son amour, et elle était si heureuse de le savoir vivant.

— Robin des Bois a donc gagné la bataille ? demande John.

— Malheureusement, l’affrontement tourna en faveur des hommes du shérif, et Robin des Bois dut se rendre pour éviter une effusion de sang.

— Robin des Bois a été emprisonné ?

— Pire que cela ! Le shérif ne voulait pas le garder vivant, il était le symbole de la rébellion et de la vindicte populaire ! Il était celui qui ne le craignait pas ! Il fut emmené au château du shérif pour y être exécuté. Mais Robin des Bois était un héros et il réussit à s’enfuir ! Il avaiet de nombreux amis pour l’aider. Aucun héros ne peut survivre sans amis, aussi courageux soit-il.

— Et ensuite ? Et ensuite ?

— C’est une fin heureuse pour notre Robin des Bois. Il retrouva Marianne dans la forêt de Sherwood et ils vécurent heureux dans la forêt de Sherwood avec tous leurs complices !

— Papi ! C’est une très belle histoire !

— C’est l’histoire de Robin des Bois !

 

Alan Alfredo Geday

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