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Peggy Streep, 1925

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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Peggy Streep est une joueuse d’échec américaine, et une activiste. Les échecs est son jeu de prédilection. Elle a toujours dans un coin de son appartement une petite table en bois pliante, accompagnée de son fameux jeu d’échec en bois. Aujourd’hui, elle ne pourra pas jouer en écoutant de la musique classique. Peggy Streep adore la stratégie, et surtout le pouvoir de la reine. La reine est l’un des pions le plus important aux échecs. Elle peut se déplacer en diagonale, en avant comme en arrière sans limite, sur la longueur et la largeur de l’échiquier. C’est elle qui protège le roi. Et pourtant, les femmes ne sont pas nombreuses à jouer aux échecs. Ici, à New York, Peggy Streep en a entendu de toutes les couleurs !  « Les femmes sont de très mauvaises joueuses d’échecs. Je ne sais pas pourquoi, j’imagine qu’elles ne sont juste pas assez intelligentes », « Elle a beaucoup de talent, mais c’est une femme après tout ! » Certains adversaires masculins ont refusé de lui serrer la main. Et quand elle les a battus à plate couture, quelle victoire ! Quel plaisir de lire la honte sur leur visage ! Une femme, ça ne joue pas aux échecs ! Une femme n’a pas de stratégie ! Souvent, Peggy Streep sort de chez elle, un jeu d’échec sous le bras et sa table pliante à la main. Elle s’installe à Central Park, son jeu devant elle, et passe des heures à observer les pièces, à tenter des coups et à jouer seule. Parfois, un vieil homme lui propose une partie, et s’assoit face à elle sur la pelouse du parc, et s’étonne de son talent.

 

Le rêve de Peggy Streep est d’aller à Paris, la Ville-Lumière. Elle aimerait tant traverser l’Atlantique pour participer à la compétition d’échecs féminine au Café de la Régence ! Ah, Paris et son Arc de Triomphe ! Ah, Paris et ses immenses monuments, ses musées, ses cafés trottoirs qui débordent de Parisiens ! Il parait qu’à Paris, les femmes sont acceptées dans cette discipline, le jeu d’échec. Il parait que les joueurs les plus talentueux de toute l’Europe se retrouvent au Café de la Régence. Même Napoléon Bonaparte y jouait ! Les Français sont des gens raisonnables, à l’image de cette Statue de la Liberté offerte à la ville de New York. Et si « la Liberté éclairant le monde », telle qu’on l’appelle, pouvait éveiller les Newyorkais ? Et si l’on pouvait organiser un tournoi d’échec à Central Park ? Peggy Streep déplie sa table, et ouvre son échiquier. Elle est seule, face à son adversaire invisible, son plus fidèle ami. Ainsi, elle pousse le bois sur l’échiquier. C’est exactement ça ! On appelle les joueurs d’échec « les pousseurs de bois ». Malheureusement, au parc, la pousseuse de bois ne peut pas écouter Chopin, son musicien préféré, qui lui-même était un très bon joueur d’échec. Mais le jeu à l’aveugle donne l’impression d’une symphonie. La matière de la pièce, le bois, disparait de l’esprit et le mouvement produit le son d’un instrument. Puis l’ensemble harmonieux des mouvements se maintient jusqu’au final « triomphant ».

 

Comme d’habitude, comme toujours, un vieil homme est venu s’assoir face à elle. Il a déposé sa canne sur la pelouse, et il a demandé à entrer dans la partie. Le voilà qui pousse le bois avec un sourire narquois. Il est bien certain de gagner contre cette jeune femme. Et elle est plaisante à regarder. Elle s’est parée de tous ses colifichets qui clinquent quand elle pousse les pièces. Le parfum de la jeune femme le revigore. Ah cette jeunesse ! Ah les femmes qui veulent plus de droits ! Le vieil homme est trop impatient. Peggy Streep se délecte de sa présence et lui dit : « Le jeu d’échec est un jeu de hasard ! Le tout est de savoir dans quelle proportion le hasard provoque le coup faible ou la gaffe fatale » Le vieillard ne répond pas. Il est à deux doigt de perdre. « Échec et mat ! » lance Peggy Streep avec un sourire enjôleur. « Vous avez beaucoup de talent, je vous admire Madame ! » lui murmure-t-il.

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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