Frank Sinatra a laissé une trace indélébile sur la musique américaine. Sa carrière de plus d’un demi-siècle lui a valu des surnoms tels que The voice ou The sultan of Swoon. Si Frank Sinatra n’a jamais appris à lire la musique, il est devenu l’un des chanteurs les plus célèbre de la scène internationale. Mais connaissez-vous le vrai Frank Sinatra ?
Ce soir, le jeune musicien est invité à jouer du piano dans un appartement privé de Manhattan pour une riche famille de la côte Est des États-Unis. Frank Sinatra accepte l’invitation, le cachet est conséquent. Ce soir, The sultan of Swoon joue en solo. Il se sent frustré face à ce maigre auditoire. D’habitude les femmes qu’il paye cinq dollars de l’heure rendent euphoriques les spectateurs. D’habitude, on crie son nom, on se jette sur scène, on lui lance des signes obscènes et on lui propose des nuits lascives… D’habitude, la foule est en délire et bien alcoolisée. C’est la fête, c’est le jazz… Tant pis, ses doigts parcourent le clavier du piano à un rythme effréné. Il connait par cœur l’emplacement des notes, lui qui n’a jamais appris à lire le solfège. Est-ce vraiment important d’apprendre à lire la musique ? Dans ce pays, peu importe ce que tu sais, l’important est ce que tu fais ! C’est Automn in New York qui résonne dans tout l’appartement au plus grand plaisir des invités. « Vous êtes mon artiste préféré ! » lui lance une bourgeoise. « Je vous suis où que vous jouez ! » continue-t-elle de plus belle. Le pianiste lui esquisse un sourire. Il apprécie les compliments. Mais il s’ennuie et allume une cigarette qu’il garde sur le rebord de ses lèvres. Il n’aime pas ce genre de réunion. Mais on ne refuse pas cent mille dollars pour quelques chansons, pour une mine d’odes tendre à la Grosse Pomme. Un homme s’approche du côté gauche pour le photographier. « Non s’il vous plait ! Pas de ce côté-là ! » s’énerve Frank Sinatra. L’homme à la cicatrice déteste être photographié du côté gauche qu’il camoufle avec du maquillage. Finalement, le Monsieur se positionne de l’autre côté pour immortaliser l’instant. Frank Sinatra entame la chanson : The brooklyn bridge. Et les souvenirs remontent. Les rues et les délits qu’il a commis derrière le Hudson ! Toutes ces femmes qui ont partagé son lit ! Ces Américaines qui craquaient devant l’immigré italien ! Frank Sinatra prend une pause.
— Mais bien sûr ! lui dit la maîtresse de maison. Vous ne direz pas non à du Jack Daniels, je suppose ?
— Mon préféré ! Deux doigts de Jack Daniels, quatre glaçons et une goutte d’eau, s’il vous plait ! Il me faudra une serviette à cocktail car je ne touche jamais le rebord du verre.
Frank Sinatra se rassoit. C’est un maniaque dans son propre monde. Il n’en a plus pour très longtemps. Quelques chansons sur New York encore, et il va rentrer chez lui dans appartement de la dix-neuvième rue. Des sirènes retentissent en bas de l’immeuble. Les klaxons de taxis jaunes résonnent aussi. Ça, c’est son New York, sa ville, celle qu’il aime. Il entame New York New York sous les applaudissements des convives :
Start spreading the news
I'm leaving today
I want to be a part of it
New York, New York
These vagabond shoes
They are longing to stray
Right through the very heart of it
New York, New York
Commencez à répandre les nouvelles comme le dit si bien la chanson…
Alan Alfredo Geday
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