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Mon dalmatien, 1934

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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Mon dalmatien s’appelle Koky. C’est moi, Henry, qui lui ai donné ce nom. Je souhaite vous le présenter. Koky a beaucoup de qualités mais aussi des défauts. Il est originaire de Croatie et c’est la plus grande mascotte des pompiers américains. Il y a plus de deux cents ans, les dalmatiens emboîtaient le pas aux chevaux tractant les véhicules des pompiers en Amérique. Surtout dans les grandes villes comme Chicago et New York. Les chiens aboyaient pour avertir les familles lorsqu’un incendie était déclaré. Mais les temps ont bien changé. Ici, je ne suis pas en Amérique mais en Angleterre. À Essex plus particulièrement. Je suis né dans ce comté il y a moins de dix ans. Je suis Henry Safford. Et ici, les dalmatiens sont utilisés pour ouvrir la voie au coche et à la diligence transportant le courrier. Mais il est hors de question que mon dalmatien travaille ou soit au service de sa majesté. C’est mon meilleur ami, et il fait beaucoup de choses pour mes parents. Il est d’humeur vivante et active et son caractère est « très agréable » comme le dit si bien mon père. Koky n’ira jamais travailler pour le service postal britannique. Et moi dans cette histoire, qu’est-ce que j’y gagne ? Il n’accompagnera jamais les pompiers de New Yokne. Il manquerait plus que ça. Disons que moi Henry, je suis plus têtu que Koky. Je veux absolument gagner un concours canin avec mon dalmatien !

 

Aujourd’hui, le comté d’Essex organise un concours canin assez particulier. « Adorable » a dit maman. « Ridicule » a dit papa. En effet, il faut que le maître du chien se déguise comme son ami. Et le maître doit avoir moins de douze ans. La meilleure paire remportera un voyage à Londres pour toute la famille, incluant le fidèle compagnon ! Ainsi qu’une médaille dorée gravée d’un enfant et de son chien. De quoi décorer les murs de ma chambre, moi qui n’ai jamais gagné aucune médaille ou aucun trophée à l’école ! Pas même pour bonne conduite ou camaraderie ! Mais ici, je crois que j’ai toute mes chances ! Pour me déguiser comme mon dalmatien j’ai tout misé sur les couleurs. J’ai demandé à maman de me confectionner une tenue tachetée de « petits points noirs, pas plus gros que ceux de Koky » ! Elle a hoché la tête en souriant, elle fait ainsi quand je dis des banalités ou des idioties. Mais le costume ne fait pas tout, il faut aussi soigner mon allure. Imiter sa foulée et ses mouvements doux, puissants et rythmés. Adopter la noblesse de mon beau chien de race ! Koky se propulse vite. Mais Koky a des défauts. Ses pieds sont plats et la couleur de ses yeux sont noirs. Moi, mes yeux sont verts, ce qui est bien plus original, même si je ne peux prétendre aucun pédigré. Mes parents ne sont pas issus d’une très honorable famille, tout juste bourgeoise, « mais pas de quoi en faire en foin », comme le dit maman. « Pas de quoi en avoir honte non plus », comme la reprend papa. Alors c’est l’occasion pour moi de les rendre fiers. J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté en soignant les détails. Le pourtour de ses yeux sont colorés. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à mon père de me maquiller. Quant à ma laisse et mon collier, ils sont véritables ! Ils sont en cuir et destinés à de vrais chiens !

 

Les gradins débordent de familles enjouées qui font flotter des banderoles et des fanions d’encouragement. On mange des sandwiches, on se drape de grandes couvertures, on se serre les uns contre les autres en souriant. Un homme distingué, en costume écarlate et chapeau haut de forme, annonce le début du spectacle dans son porte-voix. Les participants sont appelés à rejoindre le centre du terrain en plein air. Je m’avance timidement avec Koky, on a le cœur qui bat la chamade. Je regarde mes concurrents : un couple de bergers allemands, une paire de caniches, un duo de bassets… Ils ne sont pas aussi élégants que nous, Koky ! Maman nous fait signe depuis les gradins. Elle porte une robe fleurie et son manteau du dimanche. Elle a l’air si heureuse, bien plus fière que mon père qui allume sa pipe nerveusement. Mais Mr. Thomson, le voisin, lui tape sur l’épaule avec amitié. Il trouve le concours très amusant, et il est venu m’encourager !

 

Koky renifle les trottoirs de Londres, et il tire fort sur sa laisse ! Papa me caresse la tête, il est bien content que j’aie participé à ce concours finalement. « Regardez-moi ça ! » s’exclame maman devant Big Ben. Mais moi, ce que je préfère à Londres, ce sont les gardes de Buckingham Palace !

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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