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Mistinguett, 1920


Getty Images

 

« La voix qui chante faux et bouleverse », disait Jean Cocteau de Mistinguett.

 

Jeanne Bourgeois décide de monter à Paris. La Ville Lumière est en effervescence, elle bouillonne de spectacles, de cabarets, de théâtres et de concerts. Les colonne Morris sont recouvertes d’affiches hautes en couleur, et les terrasses ne désemplissent jamais. Jeanne a suivi des cours de danse, de chant et de théâtre, et elle se prépare à parfaire son éducation d’artiste avec des cours de violon donnés à la capitale. Elle s’imagine déjà en haut de l’affiche et sur le devant de la scène, le regard perdu sur les paysages, quand un homme vient s’asseoir en face d’elle. Il s’agit de Saint-Marcel, qui n’est pas moins que le responsable du Casino de Paris. Ils entament la conversation, et ni une ni deux, Jeanne se fait embaucher dans ce lieu prestigieux. « N’ayez pas peur ! » lui lance Saint-Marcel.

 

Ce soir, les spectateurs attendent dans ce silence d’avant spectacle. Les Parisiens ont les yeux rivés sur le lourd rideau de velours du Casino de Paris. Ils sont impatients d’entendre les grandes voix du Casino. Le spectacle va bientôt commencer. Jeanne Bourgeois est prête. Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait faire quand elle est arrivée à Paris, mais il y a un début à tout. Tout à coup, Le rideau se lève sur Jeanne Bourgeois qui annonce les spectacles : « Mesdames, Messieurs ! » Sa voix est gouailleuse, elle n’impressionne pas Saint-Marcel. Cette gigolette fait bien son boulot, et elle accomplit bien ses tâches.  « Miss Hélyett ! Bravo ! Vous avez du courage ! Vous avez très bien fait ! » la complimente Saint-Marcel qui lui a donné ce surnom. Alors qu’elle se démaquille dans sa loge en rêvant de brûler les planches, on frappe à sa porte. Serait-ce encore un gars des faubourgs qui lui proposera une amourette avec un gentil bouquet de fleurs ? Non, l’homme qui entre n’a pas de bouquet, et il porte un costume trois pièces et une élégante moustache. Il se présente, il s’appelle Jacques-Charles, et il a reconnu son aura d’artiste. Il lui propose alors de faire un numéro au Moulin Rouge, le plus grand cabaret de Paris. Cette proposition signe le début de son succès. Sa voix railleuse et son allure de femme fatale conquièrent progressivement les Parisiens. Le roi Edward VII d’Angleterre dit même qu’elle représente « l’esprit de Paris ». Mistinguett gravit les montagnes ! Elle se représente aux Folies Bergères avec la Valse Renversante de Maurice Chevalier avec qui elle entame une liaison passionnée. Et la presse les surnomme « les danseurs obsédants ».

 

C'est la p'tite femme de Paris

Qui, gracieuse et coquette,

Met d’l’amour dans tous les esprits

Et fait tourner toutes les têtes

Oui ! Mais quand un cœur est pris

Par la p'tite femme qui passe

De Montmart' à Montparnasse

C'est une petite femme de Paris

 

Le bonheur ne dure pas très longtemps pour la môme des faubourgs. Mistinguett est brisée par la Grande Guerre. Son amant, Maurice Chevalier, est envoyé au front, puis fait prisonnier par les Allemands au camp d’Altengrabow. L’artiste de cabaret a de l’audace. Comment faire pour retrouver Maurice ? Comment faire pour le libérer ? Elle décide de rentrer dans les services secrets et de devenir espionne. Elle n’a pas peur, elle est amoureuse, et l’amour donne des ailes. Les services de renseignements lui confient de petites missions, profitant de ses voyages sur les scènes d’Europe. Malheureusement, les plénipotentiaires discutent de transactions commerciales sans intérêt, et elle peine à se renseigner. Mais Mistinguett réussit finalement à faire coffrer un dangereux espion et à disculper un journaliste accusé de collusion avec l’ennemi. Mais comment faire pour libérer Maurice Chevalier ? Ses missions ne l’ont pas fait avancer d’un iota. L’espionne a rendez-vous avec le roi d’Espagne. Elle est courageuse, et n’hésite pas à lui demander de l’aider à libérer Maurice Chevalier.

 

C’est la vie !

 

Mistinguett racontera : « Un jour, j'ai rencontré un « auteur » qui m'a dit : « Toi, tu as le genre anglais, tu devrais t'appeler Miss… J'ai justement une chanson La Mistingo ». Et c'est en chantant : « Ô la Mistinguo, Ô la Mistinguette ! » que je devins Miss Tinguette, puis Mistinguett tout court, court comme mes cheveux ».

 

Alan Alfredo Geday

 

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