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Les Rosies sont au travail, 1943


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Vous connaissez certainement cette affiche de « Rosie la Riveteuse » ! C’est cette ouvrière au bandana rouge à pois blancs et en bleu de travail aux manches retroussées qui fait un bras d’honneur sous le slogan « We can do it ». Elle est devenue une affiche iconique des féministes. Au départ, il s’agit d’une propagande américaine pour encourager les femmes à servir l’effort de guerre dans les usines. Dans la presse, on nous dit que les femmes peuvent riveter, souder ou construire des bâtiments militaires au lieu de rester travailler chez elles ou dans les secteurs habituels comme l'industrie textile. On retrouve « Rosie la Riveteuse » sur de nombreuses affiches. Ainsi, l’une d’elles est inspirée de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, une autre montre Rosie la Riveteuse comme une Vierge Marie écrasant Mein Kampf. Elle est un personnage d’héroïne puissante et légendaire.

 

Au Canada, on connaît également « Rosie la Riveteuse ». Les femmes des usines sont appelées les « Rosies », et elles sont nombreuses à s’investir dans l’effort de guerre. Elles remplissent ainsi une vaste gamme d’emplois que seuls les hommes avaient occupés auparavant. Les Rosies construisent des pièces de navire et d’avions et fabriquent des munitions. Elles conduisent des autobus, des taxis et des tramways. C’est une première pour les Canadiennes. Les femmes prouvent qu'elles possèdent les compétences, la force et la capacité de s'acquitter des mêmes tâches que les hommes. Chères femmes ! Retroussez vos manches pour assurer la Victoire !

 

Le travail au Plan Bouchard du gouvernement canadien, c’est la pose et le serrage des fusées. On remplit toutes sortes de munitions, des mines, des grenades, des bombes, et malgré des mesures de sécurité strictes, le danger est omniprésent. Les conditions d’admission fixées par le ministère de la Défense sont souples. Pour adhérer à l’un des corps militaires, les candidates doivent être âgées de dix-huit à quarante-cinq ans, elles peuvent être célibataires ou mariées, mais sans enfants, et ne pas travailler dans un secteur essentiel. Elles doivent également passer un examen médical, et la candidate doit mesurer au moins un mètre cinquante et peser quarante-sept kilos. Il s’agit d’être à la hauteur des efforts éprouvants. Dans cette usine, les Rosies marquent, pèsent et emballent les obus. Certaines sont même tentées de graver leurs initiales dessus ou même d’inscrire « Allez en enfer ! ». Les Rosies sont à la fois fières et émues. Elles se chuchotent des encouragements sous la supervision d’un officier de l’armée canadienne. « Mademoiselle Labelle, vous faites du très beau travail ! Félicitations ! » lance l’officier à l’une d’elles. Les Rosies effectuent leurs tâches avec précision et délicatesse. La moindre erreur peut être fatale. Mais les Rosies sont infaillibles. Mademoiselle Labelle s’adresse à sa collègue qui vient d’arriver :

— Moi, avant de travailler au Plan Bouchard, je travaillais à l’usine Plywood. J’avais 17 cents de l’heure. Depuis que le Plan Bouchard a ouvert, on commence directement à 34 cents de l’heure et deux, trois mois après, on gagne 36 cents de l’heure et on peut même monter à 58. On a vraiment de la chance !

— Je n’aurais jamais imaginé, en tant que femme, pouvoir participer à l’effort de guerre. Je suis tellement fière ! Le Canada détient la Victoire ! Ma sœur est infirmière sur les côtes anglaises. Elle a été envoyée pour soigner les blessés sur une frégate. Elle est même tombée amoureuse d’un officier. Elle me l’a écrit dans sa dernière lettre…

 

Alan Alfredo Geday

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