top of page

Les pâtes Garofalo, 1929

  • alanageday
  • il y a 4 jours
  • 3 min de lecture

Getty Images
Getty Images

 

 

Quand Domenico eut l’idée de produire des pâtes, il choisit Naples sur la côte italienne pour fabriquer les fameux spaghettis. Les Napolitains raffolent de pâtes ! Les pâtes, c’est la mamma ! Les pâtes, c’est le repas que Dieu créa ! Les pâtes sont sacrément bonnes en Italie. Mais pourquoi choisir Naples pour les produire ? Le climat doux en faisait un endroit fantastique pour le processus de séchage des pâtes. Quand Domenico avait posé le pied pour la première fois à Naples, il avait opté pour la terrasse de son minuscule appartement balayée par la brise marine comme zone de séchage. Et seule sa femme l’aidait à produire quelques dix kilos de spaghettis sur le balcon de l’appartement.

 

Il fallait déjà acheter les œufs et se procurer de la farine de blé. C’était Domenico qui se chargeait de mélanger les ingrédients dans un grand seau de ses bras musclés et velus. Sa femme ne perdait pas espoir. Heureusement que ces enfants pauvres des quartiers Nord de Naples venait se poster tous les matins à leur porte munis d’un bâton pour transporter le trésor d’Italie dans les ruelles. Naples est la ville la plus pauvre d’Italie. Et la plus fière ! Et quand on est fier d’être un Napolitain, on mange des pâtes tous les jours. La demande pour ce repas était très forte. Et les enfants se chargeaient de revendre les spaghettis au cœur de la ville. Quelques lires pour trois mètres de spaghettis ! Ce n’était pas beaucoup ! Et ça calait l’estomac ! Les Napolitains étaient vite rassasiés. La femme de Domenico gagnait beaucoup d’argent, et elle eut l’idée de monter une usine de pâte. Domenico devint un homme riche. Et les enfants qui venaient sonner à sa porte tous les matins pour revendre leurs spaghettis dans les ruelles de Naples restèrent loyaux.

 

Luca et Paolo se souviennent de la gentillesse de Domenico. Il leur faisait crédit de quelques mètres de pâtes que Luca et Paolo remettaient à leur mère pour le repas du soir. Il fallait donner un nom à cette usine. La femme de Domenico lui donna le nom de « Garofalo ». Aujourd’hui, les pâtes Garofalo sont les plus populaires de Naples. Et l’usine fonctionne à plein régime. Luca et Paolo sont là tous les matins devant la grande porte coulissante de l’entrepôt avec leur fameux bâton. Ils entrent et disposent les spaghettis d’un mètre sur leur bâton. La demande est forte ! « Il faut agrandir l’usine ! » s’énerve parfois la femme de Domenico avant de s’endormir le soir. Pour Domenico, ça suffit comme ça ! Lui vient de loin. Il se souvient encore des jours où il séchait les pâtes sur la terrasse de leur petit balcon. Il fallait éloigner les oiseaux et les mouettes du port qui venaient les spolier sans scrupule.

 

Paolo et Luca arpentent les ruelles du Vieux Naples. Les Napolitains les regardent. On ne touche pas à leur gagne-pain. Sinon leur mamma risque de ne pas être contente. « Trois lires le mètre de spaghetti », hurle Luca. « Le repas des Dieux ! le repas que Dieu créa ! » clame Paolo à un passant qui veut acheter deux mètres de pâtes. Les deux garçons s’arrêtent, très fiers, et retrient leur béret. Ça, c’est travailler ! Ça, c’est gagner sa vie ! Ce sont des hommes après tout. Et les hommes ne meurent jamais pauvres à Naples. Le passant s’empare de ses deux mètres, et les deux garçons remontent plus haut parmi les boutiques qui vendent des souvenirs. Ici, un garagiste qui répare des Fiat 500 les arrête. Il a faim. Il se procure trois mètres de spaghetti. « Mille mercis, les garçons ! » leur lance-t-il.

 

Les pâtes restent un secret napolitain bien gardé !

 

Alan Alfredo Geday

 
 
bottom of page