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Les derniers pas, 1972


Getty Images

 

On est le 7 décembre 1972. C’est la première fois qu’un équipage Apollo décolle de nuit, et Apollo 17 est la dernière épopée américaine à destination de l’astre lunaire. À bord du module de commande, l’astronaute Eugene A. Cernan effectue les derniers réglages. Plus que quelques instants avant que la terre ne tremble devant la puissance de décollage de Saturn V. Son cœur bat la chamade, mais il reste concentré sur les procédures de vol. Le géologue et pilote du module lunaire, Harrison P. Schmitt, est serein. Il a suivi un entrainement intense ces cinq dernières années, et il sera le premier scientifique à fouler le sol de la Lune. Enfin, l’homme, qui restera en orbite autour de la Lune pour cette mission, est Ronald Evans. Il veut s’assurer de donner le meilleur à ses deux coéquipiers pour cette dernière excursion sur la Lune. Des milliers de personnes sont venues assister à ce décollage de nuit. C’est unique ! Le site, où se situe le pas de tir, est calme. Pas d’oiseaux en plein vol, juste le silence de la nuit. La fusée, éclairée par les projecteurs, émet un son particulier, comme le début d’une tempête, comme les prémices d’un tonnerre qui gronde. La foule s’inquiète. Que se passe-t-il ? Le monstre va s’allumer dans moins de dix secondes. Le décompte est lancé, les yeux sont rivés sur la fusée Saturn V. Puis la terre tremble, la nuit s’embrase, les oiseaux s’effraient ! On entend un tonnerre éternel qui gronde, et qui jaillit sans interruption. Apollo 17 décolle, et la fusée quitte le sol terrestre pour transpercer l’atmosphère. Elle s’élève dans l’émerveillement de la foule. Elle s’éloigne, elle s’éloigne plus loin laissant derrière elle une trainée de feu. L’incendie s’amenuise peu à peu, l’équipage rejoint la stratosphère.

 

Quelques jours plus tard, Apollo 17 se pose sur la Lune. Le commandant Eugene A. Cernan et le géologue Harrison P. Schmitt, pilote du module lunaire, ne dissimulent pas leur enthousiasme. La NASA a choisi pour cette mission une région lunaire d’importance géologique : Taurus-Littrow. Qu’a-t-elle de particulier ? La vallée de Taurus-Littrow est située sur la bordure sud-est de la mer de la Sérénité. Il y a environ 3,8 à 3,9 milliards d'années, un astéroïde ou un noyau de comète de grande taille s'est abattu à l'emplacement actuel de la mer en creusant une cuvette d'environ 700 km de diamètre. De nombreux blocs de rochers arrachés par l'impact ont été projetés sur le pourtour du cratère où par ailleurs des pans du sol se sont soulevés en réaction. Le tout a formé des chaines de montagnes qui bordent la mer. À certains endroits, les blocs qui s'étaient relevés se sont affaissés immédiatement après leur surrection et ont créé un réseau de vallées radiales dont fait partie la vallée de Taurus-Littrow. Les deux astronautes ne cachent pas leur joie lorsqu’ils aperçoivent le sol lunaire par le hublot.

— T’as vu la lumière de la Terre et la double ombre, remarque Cernan. Oh mec ! Regarde ce rocher là-bas !

— Absolument incroyable ! Absolument incroyable ! s’enthousiasme le géologue Schmitt.

Il ne faut pas perdre de temps. Ces derniers enfilent leur combinaison, et préparent le rover, cet engin spécialement conçu par la NASA pour rouler sur le sol de l’astre. Ils passent un peu moins de trois jours à explorer le sol lunaire, pour mener des expériences scientifiques et biologiques.

 

Avant de réintégrer pour la dernière fois le module, une petite cérémonie est organisée pour commémorer l'achèvement des missions lunaires du programme Apollo. Cernan dévoile une plaque fixée sur le train d'atterrissage du module : les deux hémisphères de la Terre, la face visible de la Lune avec l'emplacement des différents sites d'atterrissage et un message signé des trois astronautes et du président Nixon. Celui-ci est lu par Cernan : « Ici l'homme a achevé sa première exploration de la Lune, décembre 1972. Que l'esprit de paix dans lequel nous sommes venus s'étende à l'ensemble de l'humanité ».

 

La mission Apollo 17 a accueilli le premier scientifique-astronaute à se poser sur la Lune : Harrison P. Schmitt. Le véhicule du rover lunaire a parcouru un total de 30,5 kilomètres. Le temps de séjour sur la surface lunaire a été de 75 heures, et le temps d'orbite lunaire de 17 heures. Les astronautes ont recueilli 110,4 kilogrammes de matériel.

 

Bon vent à l’équipage d’Apollo 17 !

 

Alan Alfredo Geday

 

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