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Les bobbies, 1910


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On les connait tous. Les enfants les adulent. Les adultes les aiment. Les vieux les respectent. On les reconnait à leur gourdin, leur courtoisie, leur casque rond et leur politesse. Les bobbies anglais trouvent leur racine dans l’Angleterre prévictorienne lorsque le ministre britannique de l'intérieur, Sir Robert Peel, supervise la création de la première force de police organisée de Londres. Avant ça, la sécurité des habitants de Londres était organisée par petits groupes grâce à des gardiens de nuit, des gendarmes locaux et parfois même des soldats en tunique rouge. En créant la police métropolitaine de Londres, dont le siège est situé dans une petite rue appelée Scotland Yard, Sir Robert Peel a cherché à créer un corps de police professionnalisé qui soit aussi responsable devant les citoyens ordinaires que devant les classes dirigeantes. Lorsque les opposants de Peel se sont plaints que la création de la nouvelle force de police restreindrait les libertés individuelles, Peel a répondu : « Je veux apprendre aux gens que la liberté ne consiste pas à se faire voler sa maison par des bandes organisées de voleurs, et à laisser les principales rues de Londres en possession la nuit de femmes ivres et de vagabonds ». Au lieu des manteaux rouges qui suscitent le ressentiment, les patrouilleurs de Peel portaient des vestes noires et de grands chapeaux de laine avec des insignes brillants. Ils sortaient armés seulement d'un petit gourdin et d'un sifflet pour appeler des renforts, faire des rondes et gagner la confiance des citoyens locaux. Le système de Robert Peel a été un succès et, au milieu du XIXe siècle, les grandes villes américaines avaient créé des forces de police similaires. À Londres, les policiers étaient tellement identifiés à l'homme politique qui les avait créés qu'on les appelait « Peelers » ou plus communément « les bobbies », d'après le surnom populaire de Robert Peel.

 

— Je cherche Buckingham Palace, murmure la vieille femme derrière sa voilette. Je cherche Buckingham Palace, répète-t-elle. Vous ne comprenez pas ! Je suis invitée par le roi…

— Madame, je comprends bien, mais vous bloquez la circulation de Piccadilly square, lui répond le policier Arthur.

— Vous devez vous mettre à l’écart Madame. Vous ne pouvez pas marcher au milieu du carrefour comme ça ! s’inquiète le deuxième bobby James.

— Le roi Edward m’a invité à une réception à Buckingham Palace !

— Madame, s’il vous plait, mettez-vous à l’écart. Je vais vous indiquer le chemin pour Buckingham Palace, s’adoucit James.

 

Il n’est pas rare pour les bobbies d’entendre ce genre de requête. Buckingham Palace fait rêver tous les Londoniens, et ceux qui perdent l’esprit sont souvent persuadés d’avoir reçu un passe-droit pour pénétrer le plus grand palais du Royaume Uni. Ils désirent ardemment visiter la Salle de Musique, les salons de réception, et la salle du trône. En outre, on peut admirer des tableaux de Rembrandt, van Dyck, Rubens et Vermeer dans les galeries. Quant à la salle de garde, elle n’est pas moins impressionnante avec ses statues de marbres blanc de la reine Victoria, le tout bordé de tapisseries. Mais surtout, Buckingham Palace est la résidence de la famille royale britannique depuis le XIXe siècle. Ça fait rêver, ça enchante !

 

— Vous prenez à gauche, puis la première à droite… explique patiemment le bobby Arthur.

­ — Oh, tout cela est bien compliqué ! Il ne faut pas que je sois en retard, le roi m’attend ! s’inquiète la vieille dame.

— On ne fait pas attendre le roi, c’est certain, s’amuse James. On va vous escorter Madame, pour s’assurer que vous ne vous perdiez pas.

— Vous êtes bien aimable Monsieur, je n’osais pas vous le demander. À mon âge, on risque de perdre la tête en chemin. Ma fille me dit toujours que je devrais rester à la maison, mais elle ne sait pas que le roi m’attend ! Elle ne comprend rien, vous savez… Ah, les enfants, ils ne comprennent pas ! soupire la vieille dame en ajustant sa voilette.

— Et où habitez-vous Madame ? Pas trop loin d’ici, j’espère ? se renseigne Arthur.

— J’habite… J’habite… Vous n’allez pas me croire, mais j’ai oublié ! Je demanderai au roi de me ramener en voiture royale. Il paraît que les voitures royales sont plus rapides, vous savez, parce que les chevaux sont bien dressés ! Alors je serai de retour pour le dîner et ma fille ne se sera pas rendu compte de mon absence. La dernière fois que je suis allé prendre le thé chez le roi, ma fille n’a pas voulu me croire et elle a fermé ma chambre à clef le lendemain. À clef ! Vous vous rendez compte ? Comme une prisonnière !

 

Alan Alfredo Geday

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