Edna Purviance est une femme pauvre. Son amant, Carl Miller, artiste peintre sans le sou, n’a pas de quoi payer un hôpital afin qu’elle accouche de leur enfant. À l’hospice des quartiers Nord de Los Angeles, les sœurs religieuses assistent Edna à mettre au monde son bébé : c’est un garçon. La mère ne le lui donne pas de prénom. Et Carl, le père, n’a pas un sou en poche pour subvenir aux besoins du nourrisson. Il quitte Edna et décide de l’oublier en laissant sa photographie se consumer dans l’âtre. Edna se retrouve seule et sans rien. Pauvre nourrisson ! Beverly Hills est l’un des quartiers les plus riches de Los Angeles, et les voitures de gens fortunés sont souvent garées sur les trottoirs. La jeune mère cherche désespérément les moyens d’aider son fils. Pourrait-elle l’abandonner au pied d’un immeuble ? Ce serait trop risqué ! Elle décide de le laisser enroulé dans un linge, sur la banquette d’une voiture de luxe. Le propriétaire l’adoptera certainement. Elle écrit sur un bout de papier : « Veuillez aimer et prendre soin de cet enfant orphelin ».
Manque de bol ! La voiture est volée par deux fieffés gredins qui se débarrassent du nourrisson quelques ruelles plus loin. Ils ne vont pas s’encombrer d’un tel fardeau ! L’enfant hurle et s’agite, son cri s’élève dans la clameur de la ville. Un homme se retourne, s’approche, l’aperçoit. Mais qui est-ce donc ? Ce n’est pas moins que le plus miséreux des miséreux. C’est Charlot ! Il ramasse le bébé, l’abrite sous sa capeline. Qu’il est beau ! Mais tout de même, il ne va pas le garder ! Alors, il cherche à le confier à des passants. Il tombera bien sur une âme généreuse ! Il tente de le refourguer à cette vieille dame. À cet homme d’affaire. À cette jeune fille élégante. Sans succès. Que leur veut ce vagabond ? Quel culot ! Mais lui, le pauvre au grand cœur, comment va-t-il faire pour s’occuper de cet enfant ? À la lecture du mot laissé par la maman, il est ému. Il ne peut tout de même pas abandonner à son tour cet orphelin ! Il le regarde un instant, et le prénomme John.
Cinq années ont passé. John et Charlot mènent une vie modeste mais heureuse dans les bas quartiers. John assiste Charlot dans des délits mineurs. Il lance des pierres sur des vitrines, il est habile pour se cacher au coin des rues et déguerpir aussitôt ! Charlot est vitrier, et chaque vitre brisée est une aubaine ! Entre temps, la mère devient une actrice riche et célèbre. La roue a tourné pour Edna. Mais la tristesse ne la quitte pas. Afin de combler le vide laissé par l’abandon de son enfant, elle décide d’œuvrer pour les enfants pauvres en leur offrant des cadeaux. John étant très pauvre, un jour, le hasard fait que sa mère lui offre un jouet. Quant au père du petit, il est aussi devenu un artiste à succès. Le peintre se pavane dans des costumes trois pièce en fumant le cigare. Son fils perdu ne le préoccupe pas. Le passé, c’est le passé. Et les seuls regrets de sa vie sont de ne pas avoir connu le succès plus vite. Lors d’une soirée mondaine, Edna Purviance le retrouve.
Pendant ce temps-là, dans le quartier pauvre du Nord de Los Angeles, le gosse misérable tombe malade. Charlot pleure à son chevet. La seule lumière de sa vie va peut-être s’éteindre. Il voudrait le couvrir de cadeaux, lui promettre le meilleur hôpital, lui prodiguer les meilleurs soins. Mais il n’a que sa tristesse et son amour à offrir. Le petit John laisse sa main froide glisser dans la sienne. Son teint blafard et ses yeux creusés annoncent une mort imminente. Heureusement, Edna Purviance se préoccupe du sort de ce pauvre orphelin. Elle fait venir un médecin qui s’empresse de soigner le petit. Le destin n’est pas écrit, John peut s’en sortir. Charlot ne peut dissimuler sa joie. Le médecin lui sourit, il est touché par l’amour de ce père. Mais il ne peut laisser décemment cet enfant dans des conditions aussi misérables. D’où vient-il ? Charlot lui raconte son histoire, et lui montre la lettre laissée par la mère. Le docteur fait appel aux services sociaux, il faut placer John dans un orphelinat. Mais Charlot s’y oppose, cet enfant est le sien, et il ne l’abandonnera jamais ! A force de bagarre et d’arguments, il convainc le médecin de lui laisser John.
En revenant chez le vagabond pour s'enquérir de l'état de santé de l'enfant, l'actrice croise le médecin qui lui raconte tous les événements et lui montre le mot, qu'elle reconnaît.
Alan Alfredo Geday
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