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Le sauveur du peuple, 1919


Getty Images

 

Le personnage Señor Zorro fut créé par l’écrivain Johnston McCulley, et apparaît pour la première fois en 1919 sous forme de feuilleton illustré dans une gazette américaine. Mais qui est donc le vrai Zorro ? Était-il un sauveur masqué, un homme courageux et rebelle ? Johnston McCulley s’est inspiré de trois grands hommes : le personnage le Mouron Rouge, un justicier anglais de la Révolution française, Joaquin Murietta, un homme semi-légendaire qui luttait contre les abus et les vols perpétrés par les Anglo-Américains sur les mineurs d’origine latino-américaine pendant la ruée vers l’or, et enfin le plus important et marquant, William Lamport ! Mais qui était ce dernier ?

 

William Lamport naît en Irlande en 1615, temps d’occupation par les Anglais. La colonisation est douloureuse. Ainsi, les Irlandais vivent dans la peur et la soumission. Leur religion catholique est opprimée et interdite par les colons protestants. Les Anglais n’ont aucune considération pour le peuple d’Irlande, jugé sauvage et sale, et abandonné à la pauvreté et la maladie. Les terres de ses parents sont confisquées au profit des Anglais. Les terres agricoles sont soumises à l’exportation, et nourrissent les Anglais au détriment des Irlandais qui connaissent la famine autant que la misère. Alors, un sentiment de rébellion naît dans le cœur du jeune William Lamport. Il souhaite une Irlande libre et indépendante, mais la couronne est bien trop puissante. Ainsi, il lui faut quitter ce pays d’injustice, il lui faut rencontrer son destin ! Et William Lamport, après une étape de quelques années en Espagne, s’enfuit vers le Mexique. Le Mexique est alors une colonie de l’Espagne, et William Lamport reconnaît dans l’exploitation des indigènes la même injustice qu’en Irlande. Son sang ne fait qu’un tour. La colonisation est une abomination, où qu’elle soit, quiconque elle asservit ! William Lamport décide de se battre dans ce pays de l’autre côté de l’Atlantique. Il songe à la misère de ses parents, il songe à la famine des siens, quand il voit la douleur des Mexicains, ces étrangers qui lui ressemblent tant. Il ne tarde pas à sympathiser avec eux, et reçoit en hommage un nom à consonance latine : « Lombardo ». Il est l’un des leurs. Et c’est ainsi qu’il décide de lutter à leurs côtés contre les colons espagnols. Mais Lombardo n’est pas un sauveur masqué qui affronte ses ennemis en duels à l’épée, il est avant tout un leader. Ainsi, il fonde un réseau de trafic de tabac dont les bénéfices doivent soutenir la lutte du peuple mexicain pour l’indépendance : « Los hermanos de la Hoja ». Lors des attaques contre les aristocrates, les guérilleros de Lombardo marquent leur victime de la lettre « Z », symbole du mot « Ziza », qui provient de l’hébreu et qui veut dire « splendeur ». Il ne s’agit pas de la signature d’un seul homme, de l’initiale d’un nom légendaire, mais bien du symbole collectif d’une révolte.

 

Le destin de William Lamport se terminera sur un bûcher. Il est brûlé vif, accusé d’hérésie par l’Inquisition espagnole. Mais notre héros connaîtra la gloire à titre posthume, puisque pendant la célébration du centenaire de l’Indépendance du Mexique en 1910, le président Porfirio Diaz commande une statue à son effigie, en hommage à son rôle de précurseur de l’Indépendance. La statue se trouve aujourd’hui à l’intérieur de la colonne du monument de l’Ange de l’Indépendance.

 

Mais l’histoire de Johnson McCulley est plus joyeuse, et on ne se lasse pas de voir Zorro chevaucher son fidèle Tornado, son étalon noir qui se cabre devant le coucher du soleil.

 

Alan Alfredo Geday

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