Le quatrième vœu, 1979
- alanageday
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Mère Teresa a été honorée dans l’Église catholique sous le nom de Sainte Teresa de Calcutta en 2016.
Anjezë Gonxhe Bojaxhiu grandit en Albanie. Elle est la plus jeune d’une fratrie de trois enfants. Les parents d’Anjezë sont de fervents catholiques et la petite fille visite les plus démunis, les alcooliques et les orphelins avec sa mère. Le cœur d’Anjezë devient lourd quand elle voit les Albanais souffrir autour d’elle. C’est une « petite fleur » comme le témoigne son prénom de baptême : Gonxhe. Sa mère lui répète souvent : « Quand tu fais du bien, fais-le comme une pierre que tu jettes à la mer ». Et Anjezë le fait en oubliant toujours le bien qu’elle a fait. Irrécupérable ! Beaucoup trop tard pour récupérer la pierre à la mer ! Anjezë reconnaît son attachement à la vie religieuse alors qu’elle n’a que douze ans. Anjezë a une destinée que seule sa mère peut définir : « Ma fille n’accepte jamais une bouchée qui ne soit partagée avec d’autres ». Après avoir mené une vie pieuse en Albanie, elle quitte sa terre natale à dix-huit ans avec la volonté de devenir bonne sœur. Ainsi, elle entre au couvent des sœurs de Lorette. Anjezë Gonxhe veut adopter le nom de Thérèse en hommage à la sainte française carmélite : Sainte Thérèse de Lisieux. Elle finit par choisir le nom mondialement connu de Teresa. Quelques mois plus tard, en décembre, elle part en Inde pour y faire son noviciat.
Calcutta est une ville habitée depuis plus de deux millénaires. Et qui peut prétendre à un brin d’éternité dans celle que les Indiens appelle « la ville mourante » ? Plus peuplée que Bombay, Calcutta est une ville extrêmement pauvre. Et sœur Teresa est choquée à son arrivée par l’ampleur de la misère. Cette pauvreté se compte par millions, entre les tuberculeux, les lépreux, les sans-abris, les aveugles, les mendiants et les affamés. Calcutta, la ville millénaire ! Calcutta, la pauvre et la désemparée ! Qui peut prétendre venir en aide à tous ces gens ? Ils étaient des milliers en Samarie à chercher Jésus et ses apôtres pour obtenir un miracle du maître suprême. Une guérison ! Qui peut prétendre prier le Père à Calcutta pour du pain et du poisson ? Teresa n’a rien ! Pas un don ! Pas un lieu pour sa mission de charité. Elle voit Jésus dans les pauvres. Elle voit dans toutes ces êtres mis au ban du monde, le royaume des cieux.
Sans revenu, elle mendie pour obtenir de la nourriture et des fournitures. Elle fait l'expérience du doute, de la solitude et de la tentation de retourner au confort de la vie de couvent pendant ces premiers mois. Elle dira plus tard à sa biographe : « Le Seigneur veut que je sois une religieuse libre, couverte de la pauvreté de la croix. Aujourd'hui, j'ai appris une bonne leçon. La pauvreté des pauvres doit être si dure pour eux. En cherchant une maison, j'ai marché et marché jusqu'à ce que mes bras et mes jambes me fassent mal. J'ai pensé combien ils doivent avoir mal au corps et à l'âme, à la recherche d'une maison, de nourriture et de santé. Alors, le réconfort de Lorette, mon ancienne congrégation, est venu me tenter. « Tu n'as qu'à dire un mot et tout cela sera à nouveau à toi », ne cessait de répéter le Tentateur. ... De mon libre arbitre, mon Dieu, et par amour pour vous, je désire rester et faire ce que sera votre sainte volonté à mon égard. Je n'ai pas laissé couler une seule larme. »
Ainsi, sœur Teresa, désormais mère Teresa, se confectionne un sari de coton blanc ourlé du bleu marial. Elle quitte les sœurs de Lorette en 1948 avec cinq roupies en poche. Elle fonde les Missionnaires de la Charité, une congrégation religieuse catholique romaine qui compte plus de 4 500 religieuses, et est active dans 133 pays en 2012. La congrégation gère également des soupes populaires, des dispensaires, des cliniques mobiles, des programmes de conseil aux enfants et aux familles, ainsi que des orphelinats et des écoles. Les membres font vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, et prononcent également un quatrième vœu, celui de donner « un service gratuit et sans réserve aux plus pauvres des pauvres ».
Alan Alfredo Geday