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Le pigeon de Churchill, 1940


 

Les soldats de l’armée anglaise s’entrainent dans un lieu secret du Sud de l’Angleterre. Sans relâche, ils tirent sur des cibles en papier, explorent la nature sauvage, déploient des cartes, effectuent des opérations de déplacements en rampant, apprennent à communiquer et à se synchroniser. Ils ignorent ce que leur réservent les plages de Normandie. On dit que Hitler est invincible, et que la Normandie est barricadée de mitrailleuses. On entend que le démon va envahir toute l’Europe. Mais Winston Churchill ne se laissera pas abattre. Bientôt, une opération de très grande envergure se profilera : débarquer en France. À l’entrainement, James et Matthew savent parfaitement entrer en communication avec leurs camarades postés de l’autre côté du champ. Ils n’ont pas de radio, pas de téléphone, pas de coureurs ni de signaux optiques, mais ils ont Fuki, leur allié pour la grande victoire, la victoire tant espérée par le Royaume britannique. Fuki, le pigeon voyageur, s’échappe des mains de James et prend son envol. Il disparaît dans le ciel, suivant sa trajectoire parfaitement mémorisée. Son sens de l’orientation est sans pareille. Sa discrétion est inégalable. Il est invisible, invincible et aucune machine de guerre ne peut le viser.  Le pigeon de guerre est porteur d’un message très court destiné à informer les forces alliées de la position de l’ennemi : le « colombogramme ». Fuki arrive de l’autre côté du champ dans les mains d’un réserviste qui détache la capsule du volatile. Il déroule le papier et lit : « C’est notre victoire ! » Ce n’est qu’un exercice. James et Matthew sont satisfaits. Fuki revient en battant des ailes de plus belle vers ses maitres qui lui caressent le gosier à son retour. « Opération réussie ! »  Fuki est un expert. Et il en a fallu du temps à ces deux colombophiles, James et Matthew, pour le dresser ! La tâche n’était pas aisée. Il a fallu constituer un nid avec des graines. Envoyer l’oiseau toujours plus loin, l’encourager à revenir.

 

Les pigeons ont été des auxiliaires très précieux pendant la Première Guerre mondiale pour la transmission de renseignements. Ils étaient plus de trois cent milles à aider les troupes alliées et ennemies ! Le plus connu d’entre eux se nommait Vaillant, aussi repérable sous le matricule 787-15. Le 4 juin 1916, en pleine bataille de Verdun, le capitaine Raynal, assiégé dans le fort de Vaux depuis quatre jours, expédie un message avec son dernier pigeon. « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Signé : Raynal ». Les tirs d’artilleries fusent dans tous les sens et les gaz intoxiquent les soldats français. Le capitaine Raynal réussit malgré tout sa mission et arrive mourant et agonisant à la citadelle de Verdun. Malheureusement, manquant d’eau potable et dans l’impossibilité de voir sa position dégagée, Raynald se rend le 7 juin avec 250 survivants, assoiffés et éreintés par les sept jours de siège. Le pigeon, Vaillant, obtient le diplôme de la bague d’honneur et une citation à l’ordre de la Nation. Il est également décoré de la croix de Guerre 14-18. Une plaque commémorative a été apposée sur le Fort de Vaux en hommage à l’oiseau et à ses congénères.

 

Fuki sera-t-il à la hauteur pour remplir la victoire avec un grand V de Churchill ?

 

Alan Alfredo Geday

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