À l’église South East de Londres, la mariée, Funke, embrasse le front de sa mère comme le veut la tradition yoruba. Elle est émue, des larmes coulent sur son visage. Sa mère lui caresse le visage. Les convives de la cérémonie sont touchés. Le marié, Bola, ne quitte pas sa femme des yeux. Cette étreinte d'adieu de la mère à sa fille se vit avec émotions parmi les fidèles de l’église. Ce rituel signifie « le cri de la nouvelle mariée », et a pour but de montrer qu'elle est triste de quitter la maison de ses parents. Quand, tout à coup, un homme se lève parmi les fidèles. Vêtu d’une tenue traditionnelle yoruba, il s’approche de la mariée. On lui dépose une bassine remplie d’eau où il plonge ses mains. Funke s’assoit sur une chaise. L’homme lui retire les chaussures, et commence à frotter ses mains contre ses pieds. Il lave tous les malheurs qu'elle pourrait apporter dans la maison de son mari. Ensuite, l’homme lui tend une calebasse. Elle la brise intentionnellement. Le nombre de morceaux correspond au nombre d’enfants qu’elle mettra au monde. Ainsi le veut la tradition yoruba !
Funke et Bola sortent de l’église. Ils viennent de se dire oui pour la vie. Leur union a rassemblé des membres de la communauté nigériane à Londres. Les invités se réjouissent, ils sont heureux d’assister à cette cérémonie traditionnelle. Funke et Bola ont été présentés dans l’église South East de Londres comme le veut la tradition yoruba : « Connais-moi et laisse-moi te connaitre ». Quelle heureuse nouvelle ! Les deux mariés ne se connaissent pas vraiment et ils se sont rencontrés à Londres il y a deux ans. Le grand jour se concrétise sous les applaudissements des fidèles à la sortie de l’église, et le jet des pétales de roses blanches par les filles d’honneur. Mais ce ne sont pas seulement Funke et Bola qui s’unissent, mais bien deux familles nigérianes. Après la sortie de l’église, la fête s’annonce grandiose, le champagne va couler à flots, la musique résonnera, et la cuisine traditionnelle nigériane se dégustera avec joie. Tout a été préparé à la perfection. Un cuisinier est venu spécialement du Nigéria pour cuisiner soigneusement les plats traditionnels que Funke a choisis. Le jollof rice aussi connu sous le nom de riz wolof, le moimoi ou gâteau de haricots, la suya ou grillade de viande, et l’egusi, la fameuse soupe à base de pistaches.
Autour des tables nappées de blancs, les tenues chatoyantes des Yorubas étincellent sous les lustres en cristal. L’oncle Femi porte une agbada verte et mauve, cette longue robe traditionnelle tissée à la main, qu’il a assortie à son fila, son chapeau mou en velours brodé. Sa femme resplendit avec son gele jaune safran, un tissu enroulé autour de ses cheveux qui gonfle comme un soufflé sorti du four. La mère de la mariée est cependant la plus élégante, son buba bleu azur à motifs fleuris, une chemise ample à manches longues, est assortie à son iborum rose, son châle porté sur l’épaule. La mère du marié est habillée plus sobrement d’une longue robe brodée, et son gele n’est pas trop bouffant. L’oncle Femi porte un toast aux mariés en levant sa coupe de champagne : « Que le bonheur habite votre maison. Que les trois enfants prévus par la calebasse soient beaux, forts, en bonne santé, et surtout, bénis ! » Que la fête commence ! Les musiciens annoncent la première danse de Funke et Bola. Les mariés rejoignent la piste, sous le regard attentif des convives qui les encouragent.
La soirée est terminée. Les invités ont dansé, ils se sont régalés. Est venu le moment de raccompagner et d’escorter la mariée chez son mari comme le veut la tradition.
Alan Alfredo Geday