Le liver bird est le symbole de la ville de Liverpool, et figure sur les armoiries depuis 1797. Son nom est bien sûr à mettre en lien avec celui de la ville, et « liver » viendrait de l’ancien anglais « lifer » signifiant « eau bourbeuse ». Le liver bird est une chimère mythique, mi-cormoran, mi-aigle, tenant un brin de genêt dans le bec en hommage aux Plantagenêts. Pour faire un petit rappel, la maison Plantagenêt était une maison royale originaire des terres françaises d'Anjou et de Normandie. La famille occupa le trône d'Angleterre de 1154 à 1485, date à laquelle Richard III trépassa au combat. Sous le règne des Plantagenêts, l'Angleterre s'était transformée. Ainsi, on trouve l’oiseau au sommet des deux tours du Royal Liver Building, sur les bords de la Mersey, sur les quais de Liverpool. La légende dit que les deux liver birds forment un couple. Le mâle contemple la mer d'Irlande pour veiller sur les marins tandis que la femelle protège les femmes et les enfants restés dans la ville. Le jour où ce couple d'oiseaux décidera de s'envoler, cela marquera la fin de la ville de Liverpool.
— God save the Queen ! s’enthousiasme l’un des quatre ouvriers en soulevant sa casquette.
— Qu’est ce qui se passe encore ?
— La reine a donné naissance à son troisième enfant ! Et c’est le deuxième garçon ! Tu imagines, c’est le premier enfant né d'un monarque britannique au trône depuis plus de cent ans ?
— Mais c’est incroyable ! Je n’aurai jamais pensé que la reine Elizabeth donnerait aux Britanniques une telle descendance…
L’oiseau de Liverpool rassemble tous les habitants de la ville, mais aussi tous les supporters du club de football. En 1955, il fait ainsi son apparition sur l’écusson du club. Sur le maillot, il orne la poitrine des joueurs représenté en rouge sur un ovale blanc. Dans les années 1960, le club se pose sur le devant de la scène grâce à la personnalité de l’entraîneur Bill Shankly, qui impose à ses joueurs une tunique entièrement rouge. Au même moment, les supporters s’approprient la chanson “You’ll never walk alone” au point d’en faire l’un des plus beaux chants de stade : « Quand tu traverses une tempête / Garde la tête haute/ Et n'aie pas peur du noir/ A la fin d'une tempête/ Il y a un ciel doré… »
— As-tu lu les journaux ce matin ?
— Non, vas-y, raconte… Que se passe-t-il ?
— Le Manchester City F.C a signé avec l'attaquant Denis Law, âgé de seulement vingt ans, pour un montant record de 55 000 livres sterling.
— Mais il n’est pas de Liverpool celui-là !
— Non de Huddersfield ! Un petit village !
— Et s’il était de Liverpool mon cher, il jouerait pour Liverpool !
— Ça c’est vrai !
Les quatre ouvriers placent la statue au sommet de la girouette des bureaux du Liverpool Post and Echo. Ils la manie avec délicatesse. Elle est fragile, et le vent de Liverpool souffle très fort. Un homme fait tourner les vis dans leur écrou pour placer les ailes de l’oiseau. Il doit rayonner du haut de l’immeuble, et les passants doivent être capable de l’admirer. Mais attention à ce que le liver bird de Liverpool ne prenne pas son envol. Ce serait la fin du monde, l’apocalypse de Saint Jean.
— As-tu déjà entendu parler des Beatles ? demande le deuxième homme.
— Non, les scarabées ! Pas vraiment, des cambrioleurs ?
— C’est un nouveau tueur en série encore je suppose…
— Non, c’est un groupe de musique de jeunes de Liverpool. Ils font la fierté de la ville et vont se représenter à Hambourg en Allemagne.
— Ils jouent du rock and roll ?
— C’est du rock ! Oui, à couper le souffle. Il y a un certain John Lennon et je ne me souviens plus du deuxième fondateur…Un autre joue de la guitare, un autre est batteur… C’est un truc de cinglé !
— Paul quelque chose…
— Paul McCartney, oui, c’est ça.
— Voilà voilà, l’oiseau est fin prêt. Espérons qu’il ne prendra pas son envol !
Alan Alfredo Geday
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