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La vedette du Rockefeller, 1959


Getty Images

 

New York est la mégalopole qui compte des gratte-ciels par centaines. Ces derniers pourfendent le ciel à l’infini. On n’a pas fini de construire des buildings dans cette mégacité. On n’a pas fini d’inaugurer le plus beau bâtiment, le plus haut, le plus large, le plus gracieux, le plus imposant, signe de la puissance économique de ce pays. New York, la Grosse Pomme, la majestueuse, le volcan en éruption qui ne s’éteint jamais. New York, l’immensité et surtout une population confinée à la limite des immeubles immenses. Les Newyorkais aiment leur ville, et Marylin Monroe l’adore. Ici, elle peut vivre sa vie pleinement. Elle peut prendre un taxi jaune sur la cinquième avenue sans être photographiée et suivie par les paparazzis. Elle peut marcher dans Little Italy sans être harcelée, se perdre dans Manhattan, se détendre à Central Park… Elle donne quelques autographes. Elle reçoit quelques salutations. Quelques hommes et femmes se retournent sur son passage. Bien sûr, elle n’échappe pas à quelques flashs, à quelques journalistes. Mais dans l’ensemble, elle a l’impression de pouvoir respirer, vaquer à ses rêveries, flâner et goûter à l’air électrique de la ville. À New York, Marylin Monroe peut se mêler à la foule. Pas comme là-bas ! Pas comme à Los Angeles, la cité des anges où elle se fait passer pour Zelda Zonk. Sur la côte Ouest, les Américains la traitent comme une bimbo, comme un sex symbol, comme une coqueluche ! C’est vrai, elle a couché avec le joueur de baseball Joe Dimaggio ! Elle a pu se permettre une soirée avec le futur président de la nation, John Fitzgerald Kennedy. C’est vrai, elle est une star de cinéma, la muse des photographes, la plus belle femme d’Amérique. Cette orpheline immatriculée sous le numéro 3463 se sent invisible au son des hélices de l’engin qui survole les gratte-ciels. Il est pourtant interdit de voler entre les immeubles à cette heure-ci. Aujourd’hui, les Newyorkais inaugurent la fin de construction de l’immeuble du Time and Life Magazine du Rockefeller Center. Et la vedette aujourd’hui, c’est Marylin Monroe !

 

L’hélicoptère atterrit sur le toit d’un gratte-ciel.  Un homme se dépêche d’ouvrir la porte arrière pour récupérer Marylin Monroe. « Pas besoin ! Pas besoin ! » a-t-elle dit au pilote. Pas de besoin de quoi ? De tout le tralala. Une échelle, un escabeau, un tapis rouge, les journalistes, les photographes, les constructeurs, les architectes, les ouvriers. La liste est infinie. Enfin, les promoteurs de l’immeuble du Time and Life Magazine du Rockefeller Center ont compris. Marylin Monroe veut faire de cette apparition une journée très simple loin des projecteurs et sans garde du corps. On la fait descendre jusqu’au rez-de-chaussée en ascenseur. Elle est impressionnée par la hauteur de l’immeuble. « Félicitation, c’est un exploit ! » dit-elle au promoteur qui vient l’accueillir avec un beau bouquet de roses. Quelques ouvriers fondent en larmes à la vue de l’actrice de cinéma. Marylin Monroe est leur idole, elle est leur fantasme. Ils veulent s’approcher d’elle si belle dans cette robe de satin blanc. Elle est parfaite, irréelle, un ange déchu. « S’il vous plait, Marylin un autographe ici sur ce papier ! » demande un ouvrier sur son trente et un pour l’occasion. « Marylin, puis-je vous faire une accolade ? » insiste le chef de chantier.

 

« Mademoiselle Monroe ! Êtes-vous prête à repartir ? » Le pilote met en marche les hélices de l’hélicoptère. Marylin Monroe arrive sur le tarmac du dernier étage. Sous l’effet du vent, sa robe virevolte. Les hommes s’empressent de l’aider à rentrer dans l’engin. Elle est prête à partir. Mais où va-t-elle ? Personne ne sait. En tout cas, à New York, elle est libre… Elle est Marylin !

 

Alan Alfredo Geday

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