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La supercherie, 1931

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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C’est celui dont les cheveux statiques se lèvent tout seuls, c’est celui qui tire la langue aux photographes, c’est celui qui lisse sa belle moustache en expliquant ses dilemmes scientifiques. La communauté est unanime, Albert Einstein a fendu le monde en deux lors de la publication de son livre sur l’histoire de la relativité générale. L’opinion des universitaires oscille entre scepticisme et incrédulité. L’homme parait un peu fou, du moins, ses explications sont folles. Et comme dit Charlie Chaplin : « Le monde vous admire, alors que personne ne vous comprend ».

 

Mais connaissez-vous l’anecdote du chauffeur d’Albert Einstein ?

 

À cette époque, Albert Einstein est encore un jeune premier qui commence à se faire une petite réputation dans les milieux scientifiques. L’allemand n’a pas encore bouleversé le monde de la physique avec sa théorie de la relativité qu’il est encore en train de développer. Le génie a un long parcours à effectuer et beaucoup d’hommes, dont Planck et Langevin, lui souhaitent une voie royale vers une renommée internationale. Albert Einstein est un passionné, c’est un artiste de l’estrade, il aime tenir des conférences dans les plus prestigieuses universités d’Europe. Le monde scientifique s’intéresse à Albert Einstein, mais pas encore le grand public ! On ne reconnait pas encore ses cheveux ébouriffés et sa moustache blanche, et le physicien peut encore garder l’anonymat… Albert Einstein sillonne les routes américaines, conduit par son chauffeur à bord d’une berline, et les universités du monde entier se l’arrachent pour une conférence. On veut tous s’éclairer à la lumière du génie.

 

Le chauffeur conduit tranquillement sur l’autoroute 405 en direction de San Diego où Albert Einstein doit donner une conférence dans une petite université. Le chauffeur préfère assister aux conférences qu’attendre et fumer des cigarettes à l’extérieur des locaux et des amphithéâtres. Autant se cultiver ! Autant apprendre ce que cet Albert Einstein peut lui enseigner ! Le chauffeur s’installe toujours au fond de la salle pour écouter les conférences. Il prend des notes, il est attentif aux questions des universitaires, et essaye de déchiffrer les équations du physicien. Ce n’est pas une mince affaire, mais autant persévérer pour étendre sa culture ! Et finalement, à force d’insistance, sans en avoir réellement percé les mystères, le chauffeur a fini par connaître les conférences d’Albert Einstein sur le bout des doigts. Ainsi, il commence à fanfaronner sur les routes américaines :

                  — Vous savez, Monsieur Einstein, à force d’écouter votre conférence, je pense la connaître par cœur.

                  — Vraiment ? lui demande le physicien avec un sourire narquois.

— Absolument ! Et je crois même que je serais capable de tenir la conférence moi-même !

Albert Einstein le dévisage, et une idée lui vient. Après tout, il finit par s’ennuyer à force de répéter toujours la même chose. Et s’il égayait la prochaine conférence ?

— Notre prochaine escale est à l’université de San Diego, je crois ? Pensez-vous pouvoir faire la conférence à ma place ? propose-t-il enfin.

Le physicien a un sacré sens de l’humour. Pourquoi pas faire passer le chauffeur pour un fameux scientifique ? « Veuillez-vous arrêter sur le bord de la route, je vous prie », lui demande-t-il. Un peu surpris, le chauffeur s’exécute. Einstein sort, fait le tour de la voiture et ouvre la portière de son chauffeur. « Maintenant, sortez immédiatement, et déshabillez-vous », lui demande-t-il calmement. Le chauffeur a compris la supercherie du professeur. Albert Einstein retire ses vêtements et les tend au chauffeur : « Enfilez-moi ça ! » Déguisé en chauffeur, il s’empare du volant quand son employé s’assoit sur la banquette arrière. La renommée du physicien est en jeu, et il est bien curieux d’écouter le chauffeur répéter ses théories.

 

Arrivé à l’université de San Diego, le chauffeur descend du véhicule. Il prend un air sérieux, entre dans les locaux, les jambes tremblantes, tandis qu’Albert Einstein s’installe au fond de la salle. Et voilà le moment tant attendu. Le chauffeur monte sur l’estrade sous les applaudissements des universitaires, et développe parfaitement la théorie du génie. Albert Einstein est impressionné, il est fier de son chauffeur ! La supercherie a fonctionné !

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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