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La princesse au sarong, 1939

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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Ce soir, Dorothy Lamour porte une robe à sequins occidentale. Pourtant, la « Princesse au sarong » a acquis une grande popularité grâce à ses rôles exotiques. On peut la retrouver sur le grand écran dans des jungles hostiles et des brousses périlleuses, à dos d’éléphant, face à des tigres féroces, dans des trains affolés, des villes d’Amérique latine, en pleine guerre civile espagnole... Dorothy Lamour affronte les dangers et séduit les beaux mâles protecteurs grâce à son charme envoûtant. Elle est belle en sarong d’Asie, en bedlah de danseuse du ventre, en robe africaine et en petite tenue, comme le savent les GIs collectionneurs de pin-ups. Elle resplendit en noir et blanc, mais sa gloire s’éteindra peu à peu sous les feux de la couleur.

 

En attendant le reporter John Wise, la princesse au sarong songe à son destin. Un étrange chemin qui l’a menée jusqu’au grand écran. Enfant, elle restait de longues soirées seule à la maison, en attendant que ses parents, travaillant dans la restauration, passent le pas de la porte. Elle ne s’ennuyait pas pour autant, et elle développait son monde intérieur. La créativité et la sensibilité sont nourries par ces moments de solitude. Les émotions la traversaient, l’inspiraient, et ses songes romanesques trouvèrent un écho au cinéma. Derrière la caméra, elle vit les aventures et les dépaysements conçus par les plus grands génies de la fiction. Ceux qui savent faire frissonner les foules et attendrir les cœurs. Ceux qui savent penser les retournements, les péripéties, les chutes et les surprises. Et quand elle est parmi ces décors de carton et ces plantes exotiques, en costume brillant de mille feux, elle est elle-même trompée par les artifices. C’est un métier qui nécessite une âme d’enfant, pense-t-elle en souriant. Enfin, le reporter toque à la porte de son luxueux appartement hollywoodien. C’est un grand brun ténébreux avec un chapeau mou et un appareil photo autour du cou. Il a l’humilité des reporters sérieux, même suivi par son assistant croulant sous le poids d’un projecteur et d’un attaché caisse.

 

— J’aime les rôles exotiques, raconte Dorothy Lamour. Ça fait rêver les spectateurs, et ça me fait rêver aussi ! Le cinéma doit nous transporter, sinon à quoi bon ?

— Quel film vous a fait le plus rêver ? demande John Wise

— Hurricane, de John Ford ! J’ai adoré ce tournage, et John est un virtuose….

— Et avez-vous aimé Tahiti ?

— Oui, les Tahitiens sont des gens chaleureux et généreux ! Beaucoup venaient assister au tournage du film. Les petits Tahitiens étaient intrigués par les caméras et tout ce remue-ménage sur l’île ! A part cette chaleur étouffante qui faisait couler mon maquillage, j’aurais pu rester éternellement là-bas…

— Mais je suis très curieux ! s’étonne John Wise. Pourquoi tous ces rôles exotiques pour Dorothy Lamour ? La presse vous compare aujourd’hui à Joan Crawford et Claudette Colbert…

— J’ai des origines françaises, espagnoles et irlandaises, alors j’étais sans doute prédestinée à être une femme de tous les pays ! J’ai cette particularité d’avoir un visage universel ! N’est-ce pas un vrai don du ciel ? Je peux paraître vietnamienne, mexicaine, balinaise… à ma guise !

— En somme, vous vous plaisez à vous transformer ainsi à chaque film ?

— Absolument ! Je suis le symbole d’un monde sans frontière, conclut-elle avec un grand sourire.  

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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