top of page

La nuit de Guy Fawkes, 1951

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
Getty Images

 

 

C’était le 5 novembre 1605. Le quartier londonien de Westminster était désert. Une calèche pourfendait l’obscurité de temps à autre, le claquement des sabots et du fouet du cocher résonnaient dans le silence. Un vent glacial soufflait sur Londres, et la brise faisait tournoyer les feuilles mortes dans les rues pavées où couraient les rats et les chiens errants. Le vent était chargé d’une odeur piquante de crottin, d’urine et de détritus. Mais au fond de la nuit, tout à coup, des murmures montèrent. C’était le bruit de la rébellion, c’était la voix des conspirateurs. Les ombres de ces quelques hommes glissaient comme un cauchemar dans le quartier de la Chambre des Lords. Qui étaient-ils ? De fervents catholiques qui voulaient agir contre une monarchie protestante qui les persécutait. Le roi Jacques Ier clamait haut et fort contre les catholiques : « Je serais heureux d'avoir à la fois leurs têtes et leurs corps séparés de cette île tout entière et emportés au-delà des mers ».

 

Le groupuscule tenait en une poignée d’hommes. L’instigateur de la conjuration répondait au nom de Robert Catesby, un noble issu d’une prestigieuse et très ancienne lignée. Il œuvra dès le départ avec son cousin Thomas Wintour, un érudit polyglotte qui négociait la paix entre l’Angleterre protestante et l’Espagne catholique. Ils ourdirent des plans des nuits entières, au coin de la cheminée d’un château de famille ou dans la pénombre d’une auberge. Et très vite, ils firent des adeptes et rassemblèrent autour d’eux trois catholiques convaincus. L’un était un escrimeur réputé, l’une des plus fines lames du pays, le dangereux John Wright. L’autre Thomas Percy, un ami à la réputation sérieuse, qui s’appuyait sur son courage et son épée. Et enfin, le fameux Guy Fawkes, qui donnera son nom à l’événement, spécialiste des poudres et des explosifs. Et ce soir était le grand soir. Les cinq hommes avaient un plan bien rodé, tout était fin prêt, tout était tiré au cordeau, rien ne pourrait les arrêter.

 

Les cinq hommes entrèrent sur le chantier des Écossais catholiques qui travaillaient au pied de la Chambre des Lords. Le maître d’œuvre était de mèche, et laissa passer la calèche remplie de trente-six barils de poudre préparés par Guy Fawkes. Les cinq rebelles s’alignèrent devant les tunnels qui menaient aux caves de la Chambre des Lords et acheminèrent un à un les dangereux barils. Demain, le roi Jacques Ier retrouverait les lords, tranquille et flegmatique, comme à son habitude, il prendrait place sur son trône de tyran, il s’apprêterait à discourir et… Guy Fawkes allumerait la mèche avant de s’enfuir par la Tamise. Et dans un grand fracas, la Chambre des Lords toute entière exploserait.

 

Mais le destin en voulut autrement. Car le matin du 5 novembre 1605, Lord Monteagle reçut une lettre anonyme : « Mon Seigneur, pour l'amour que je porte à certains de vos amis, votre préservation me tient à cœur. Par conséquent, je vous conseille, si vous tenez à la vie, de prétexter quelque excuse qui vous empêche d'être présent à la Chambre des Lords ; car Dieu et l'homme se préparent à punir la perversité de ces temps ». Lord Monteagle prévint aussitôt les autorités d’un complot contre le roi d’Angleterre, et ce dernier en fut informé. Le trône catholique fut sauvé, et les conspirateurs arrêtés un à un.

 

Les conjurés furent jugés et condamnés à mort. Le régicide était le crime le plus sévèrement puni, relevant de la plus haute trahison. Les tuer n’était pas assez, il fallait une mesure exemplaire. Ainsi, après avoir été pendus, Robert Catesby et Thomas Wintour furent décapités et leur tête fichée sur des piques devant la Chambre des Lords. Mais c’est Guy Fawkes qui entrera dans la légende.

 

En cette après-midi du 5 novembre 1951, Andrew, un petit garçon de sept ans, rentre chez lui, les bras pleins de feux d’artifice. Il est enthousiaste, il se réjouit. Ce soir, ça va barder, ça va péter ! Les fusées vont décoller dans le ciel londonien, et les pétards vont éclater à tous les coins de ruelles. Ce soir, c’est la nuit de Guy Fawkes. Tout le Royaume-Uni célèbre l’échec du complot contre le roi d’Angleterre cette nuit du 5 novembre 1605. C’est une tradition. En rentrant chez lui, il croise l’une de ses connaissances du quartier. C’est le bobby Henry qui lui dit : « C’est la nuit de Guy Fawkes ce soir ! Félicitations ! Fais attention avec tous ces feux d’artifice ! »

 

Alan Alfredo Geday

 
 
bottom of page