La fusée V2, 1950
- alanageday
- il y a 5 jours
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Werner von Braun n’a que vingt ans quand il travaille dans le programme de développement des fusées du Troisième Reich. C’est un Nazi convaincu et fier. Il travaille d’arrache pieds sur son invention : la fusée V2. Cette dernière se propulse à très longue distance, et c’est la bombe dernier cri qui donnera, pensent les nazis, la victoire à l’Allemagne. Werner von Braun en connait les moindres secrets, lui seul comprend les 14 tonnes de documents nécessaires à son développement et à sa production. Les réseaux d’espionnage se développent au sein du Troisième Reich, et les infiltrés cherchent désespérément à s’emparer de cette technologie. Ils fouillent parmi les colonnes d’archives, de plans et de croquis. Alors, Werner von Braun est convoqué par Heinrich Himmler à son QG en Prusse orientale à la fin de l’année 1944. Il s’agit d’échapper aux espions et de résoudre en secret les derniers problèmes techniques de la fusée. Von Braun est confiant, et Himmler ne l’impressionne pas. Il connaît la fusée V2 par cœur, et rien ne peut lui résister en matière d’aérospatial.
Mais la guerre semble échapper au Troisième Reich. Von Braun n’est plus convaincu de la puissance allemande. Il est défaitiste, et il attire la suspicion d’Himmler qui demande aux services secrets de le surveiller. L’ingénieur suffoque, il se sent menacé et oppressé. Et son esprit créatif s’ennuie, il rêve de fusées aérospatiales, de conquête des étoiles, de quelque chose de plus grand. Son avenir n’est plus en Allemagne, il le sait. Ainsi, il tente de s’enfuir pour Londres. Mais la gestapo l’intercepte et l’arrête. Il est accusé de trahison, et conduit en prison, à Stettin. Mais il est le seul à pouvoir achever le programme des fusées V2. Il est le seul à pouvoir accomplir la volonté de Hitler de détruire et d’anéantir Londres. Et ainsi, Londres est mise à feu et à sang. La première bombe V2 qui atterrit dans la capitale provoque la stupeur générale. On croit d’abord à l’explosion d’un immeuble à cause d’une fuite de gaz. Mais bientôt, le ciel s’assombrit d’une myriade de fusées qui détruisent des quartiers entiers dans un grand fracas. Von Braun est l’ingénieur de cette arme de pointe qui, en plus de détruire tout sur son passage, cause la mort de milliers de déportés qui travaillent dans l’usine d’armement nazie.
Alors que l’armée soviétique se trouvait à 160 km de Peenemünde au début de l’année 1945, von Braun réunit son équipe d’ingénieurs et leur explique à quel camp se rendre. Von Braun et son personnel décident de se rendre aux Américains. C’est leur seule planche de salut. Mais il ne veut pas se rendre les mains vides. Pour toute négociation, il faut une contrepartie. Et de peur que leurs 14 tonnes de documents ne soient détruites par la gestapo, von Braun ordonne de les dissimuler dans une mine de fer abandonnée dans la chaîne de montagnes du Harz. Les Américains ne refuseront pas un tel cadeau. « Nous savions que nous avions créé un nouveau moyen de guerre, et la question de savoir à quelle nation, à quelle nation victorieuse nous étions prêts à confier cette invention de notre cerveau était une décision morale plus que toute autre chose. Nous voulions que le monde soit épargné d'un autre conflit tel que celui que l'Allemagne venait de traverser, et nous avons estimé que ce n'est qu'en remettant une telle arme à des personnes guidées non pas par les lois du matérialisme, mais par le christianisme et l'humanité, que l'on pouvait le mieux garantir au monde une telle assurance », déclare von Braun lors de sa reddition aux Américains.
Werner von Braun devient réfugié politique sous la protection américaine. Il continue à être un grand ingénieur non plus au service de la mort mais de l’innovation. Plus tard, la fusée V2 devient la base et le prototype de la fusée Saturn V qui enverra Neil Armstrong sur la lune lors de la mission Apollo 11. Il restera une figure incontournable de la conquête spatiale au service des Américains.
Alan Alfredo Geday