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L’éternel ami suicidaire, 1987

  • alanageday
  • il y a 4 jours
  • 3 min de lecture

Getty Images
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Martin Riggs est rongé par le chagrin. Il est dévasté par la mort récente et prématurée de sa femme. Un foutu accident de voiture. Et tout leur avenir volatilisé. Ce jeune flic de la brigade des stupéfiants de Los Angeles, ancien soldat des forces spéciales, passe son temps à jouer à la roulette russe. Connaissez-vous ce jeu morbide ? Comme chaque soir, Martin Riggs insère une cartouche dans son révolver, fait tourner le barillet et le referme fièrement. Ensuite, il plonge le canon dans sa bouche et appuie sur la détente. Décidément ! Son heure n’est pas encore arrivée. Il est encore vivant. Il aurait bien aimé se faire éclater la cervelle dans sa caravane. Mais Dieu n’en a pas décidé ainsi. Et quelque part, au fond de lui, il croit en la Providence. Alors, il dépose le révolver sur le canapé, étend les jambes, et ferme les yeux. Le noir absolu. Il écoute les bruits du dehors, les chiens qui aboient, le crépitement des roues des motos sur les graviers, la voisine qui nourrit un chat errant, des éclats de voix indistincts. La tristesse et les regrets l’envahissent, rien ne pourra lui ramener sa femme. Lui a-t-il assez montré son amour ? A-t-il assez profité de leur mariage ? Ils étaient si jeunes ! Ils avaient la vie devant eux ! Mais son bonheur lui a été arraché. Et maintenant ? Il se verse un verre de whisky tiède et l’avale cul-sec. Puis un autre. La caravane tourne autour de lui, les lumières s’effilent comme des étoiles tristes. Hagard, il allume la télévision. Il est trois heures du matin. Les images défilent jusqu’au petit jour. Le matin se lève dans le cri des mouettes. Il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Il regarde sa montre, il est temps de prendre une douche, de se faire couler un café et de pointer au commissariat.

 

La douche brûlante l’a sorti de sa torpeur. Il enfile son pantalon de flic et range son pistolet sur sa ceinture. Arrivé au commissariat, le chef du département lui assigne un nouvel associé, Roger Murtaugh. C’est un vétéran de la brigade des homicides. Il a une femme et des enfants qu’il chérit. Il a de la chance. Il a traversé la vie sans encombre. Martin Riggs n’a pas le courage de sympathiser. Il se fiche de tout, et des autres encore plus. C’est déjà bien assez difficile de faire acte de présence, de ne pas tout envoyer valser. Et Roger Murtaugh a une vision du métier bien à lui ! C’est un borné qui veut lui apprendre la vie ! Les deux policiers ne s’entendent pas du tout. Ils sont toujours en désaccord sur les méthodes à utiliser pour arrêter les criminels, sur les procédures à suivre pour traquer les narcotrafiquants. Bref, les investigations de Martin Riggs peuvent tourner au cauchemar avec un associé comme Roger Murtaugh. On ne pouvait pas lui ficher la paix ?

 

Roger Murtaugh le provoque : « Arrête de jouer à la roulette russe, rempli ce barillet avec cinq balles et tire en pleine cervelle ! » Il ne comprend décidément rien à rien. Il ne comprend pas le sublime de ce jeu. Il ne comprend pas que ce n’est pas de son ressort, que si le destin lui a arraché sa femme, il doit lui arracher la vie aussi. Roger Murtaugh est incrédule, son coéquipier a perdu les pédales.

 

Pour les fêtes de fin d’année, Roger Murtaugh organise dans sa maison le repas de Noël. Ce soir, Martin Riggs ne va pas jouer à la roulette russe mais plutôt offrir à son collègue la balle à pointe creuse qu’il gardait pour se suicider.

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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