Marlène Dietrich a traversé l’horizon du vingtième siècle tel un ange fascinant. « Le nom commence comme une caresse, avant de s'achever en coup de cravache », disait le poète Jean Cocteau à propos de Marlène Dietrich.
Enfant, son éducation stricte ne l’enchante pas, elle est insolente et rebelle, elle a envie de briller, de devenir une artiste. Durant les années 1920, le monde du spectacle et des cabarets la fascine. Ce sont les années folles à Berlin. Marlène Dietrich vit pleinement la liberté sexuelle et se délecte de l’ambiance festive des milieux culturels. Puis, avant la montée du nazisme, elle fait la rencontre la plus importante de sa vie, celle de Josef Von Sternberg. Quand Sternberg rencontre Dietrich durant la préparation de L’Ange Bleu, Marlène est encore une inconnue qui n’a joué que des rôles secondaires dans des films allemands sans envergure. Immédiatement, il repère le potentiel de celle qui deviendra la plus grande rivale de Greta Garbo. En l’espace d’un film et d’une scène, celle où Marlène Dietrich chante « Je suis faite pour l’amour » avec un chapeau haut de forme et des porte-jarretelles, le mythe est créé. Le succès du film est immense, Marlène Dietrich devient une star en Allemagne. L’Ange bleu est en outre coproduit par les studios de Hollywood, ce qui lui obtient un passeport pour la côte Ouest des États-Unis. Ainsi, quand l’Allemagne est envahie par le régime nazi, Marlène Dietrich s’enfuit vers sa terre de prédilection. C’est un nouveau départ pour l’ange.
Goebbels s’étrangle de rage en constatant que la plus célèbre femme allemande de son temps refuse obstinément ses offres mirobolantes. « Marlene Dietrich est une actrice allemande qui se complaît en Amérique dans des rôles de prostituée », dit-il. Elle est ainsi connue dans le monde entier où elle donne une fausse idée de l’Allemagne. » Mais Marlene Dietrich est ferme et inflexible sur ses choix. Elle utilise même une partie de son salaire et de ses payes de Hollywood pour aider de nombreux Allemands et Autrichiens à fuir leur pays. Elle a trouvé sa terre, elle a trouvé sa voie. Marlène fait trembler sa grande rivale et future amante Greta Garbo, tant elle est mystérieuse et indomptable, dans le nuage irréel de la fumée de sa cigarette. On pourrait la suivre à l’autre bout du monde. Avec son profond regard mélancolique, ses longs cils, le nimbe doux de ses cheveux blonds, ses traits classiques et sensuels, son air mystique et son corps de panthère, elle n'aurait pas pu entrer dans une église sans aussitôt troubler le sermon. En soirée, Marlène Dietrich reste indifférente, comme si de rien n’était, fumant sa cigarette dans l’ombre, aux convives qui la dévorent des yeux. Elle est un ange fatal, qui séduit tout sur son passage, de Gary Cooper à Joseph Kennedy.
Marlène Dietrich aime la scène, être sous les projecteurs, partager l’instant avec ses admirateurs. Elle ne peut renoncer totalement à la scène pour les studios de cinéma et c’est avec plaisir qu’elle se représente pour les soldats américains avant qu’ils ne partent au combat. Les soldats n’en croient pas leurs yeux, la plus belle femme du monde se tient devant eux, les cajole du regard, leur lance des moues amoureuses et fait vibrer sa voix grave sur des chansons d’amour.
Nos deux ombres ne faisaient plus qu’une
Que nous nous aimions tant
Ça se voyait tout de suite
Et tous les gens doivent le voir
Quand nous sommes près de la lanterne
Comme autrefois, Lili Marleen
Comme autrefois, Lili Marleen
Alan Alfredo Geday
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