— Pan ! Pan !
— Qui est là ?
— Le vieux père Noël.
— Farceur !
— Il n’y a pas de farceur ; je suis le père Noël qui vient vous rendre visite. Ouvrez, je meurs de froid.
— Entrez, alors ; mais, à vrai dire, je ne vous attendais guère. Pourquoi n’êtes-vous pas tombé chez moi par la cheminée, selon l’usage ?
Noël est la période la plus difficile pour les postiers. Il faut acheminer toutes ces cartes de vœux et ces lettres aux familles, aux amis et aux connaissances. Mais surtout, il ne faut pas oublier les lettres destinées au père Noël. La plupart de ces sacs de jute contiennent des lettres pour la Laponie. En Finlande, c’est une tradition. La poste répond à toutes les lettres qui portent l’adresse suivante : « Au père Noël en Laponie. » La tradition ne meurt pas, elle est vivante, c’est une légende.
C’était le temps des croisades. Le chevalier de Bari entra à califourchon sur son cheval dans la caverne. Il ne pouvait rien voir. Il alluma sa bougie et, à petit trot, il chercha et il observa. Il ne trouvait pas la sépulture. Il inspecta de plus près les tombes. De la mousse sur les cénotaphes, des tombes en ruine, mais rien d’éternel. Rien qui n’appartienne au Christ. Absolument rien. Il n’y avait rien à faire à part ouvrir chaque tombeau. Il s’exécuta. Pas de temps à perdre. Cela prendrait le temps qu’il faudrait. Des ossements, des toiles d’araignées, de la poussière, rien que du néant, rien que du profane. Comment trouvera-t-il le corps de Saint Nicolas ? Une tombe retint enfin son attention. Elle n’avait pas d’inscriptions, aucune indication, pas de date de mort, pas de date de naissance, aucun nom, et elle était parfaitement intacte. Les battements de son cœur allaient de plus belle. Le fervent chevalier fit un signe de croix et ouvrit la tombe. Il plongea sa main dans le néant et sentit un corps sous sa paume. D’un revers de bras, il retira toutes les toiles d’araignées et la poussière. Il approcha sa bougie. Il avait le souffle coupé. Qu’allait-il découvrir ? La bougie révéla les apparats du corps : une crosse d’évêque et une mitre. Le mort portait une longue barbe blanche, étincelante, comme parsemée d’étoiles. Ses yeux étaient restés ouverts. Ils paraissaient encore animés, vivants. Le regard était puissant. Le chevalier frémit. Il venait de découvrir l’éternel. C’était Saint-Nicolas. Il en était certain.
Le corps fut rapatrié à Bari en Italie en 1087. Ce fut une cérémonie solennelle pour accueillir le corps de Saint Nicolas. Quoi de plus précieux pour les habitants de Bari que d’avoir un protecteur comme Saint Nicolas ? Sa dépouille intacte et vivante fut déposée dans un endroit sûr pour éviter que les marchands italiens menacent de le vendre.
Le père Noël existe pour tous ces enfants. Le postier scelle le dernier sac. Il va falloir emporter tout ça et répondre aux vœux de chaque rêveur et de chaque croyant. C’est une légende, et celle-là ne peut pas mourir. Le postier est fatigué. Mais le plus dur est fait. Il a fallu trier toutes les lettres et charger le train. Ne pas en oublier une ! Il peut enfin rentrer chez lui, les lettres iront à leurs destinataires. Il monte sur sa bicyclette et affronte le blizzard. Quel froid ! Il pédale aussi vite qu’il peut. Il a hâte de se réchauffer devant la cheminée, auprès de ses enfants. Il a hâte de boire un chocolat chaud. Il rêve ainsi en pédalant, en traversant la ville blanche.
« Cher enfant, j’ai bien reçu ta lettre et elle m’a réchauffé le cœur, malgré le froid de la Laponie. Les lutins ont préparé tes cadeaux. Tu les recevras si tu restes sage. Joyeux Noël ! » répond le père Noël.
On veut y croire !
Alan Alfredo Geday
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