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Fils de Jor-El, 1978


Getty Images

 

En cette fin d’après-midi, le fils de Jor-El s’autorise une photo devant les gratte-ciels de Metropolis. Il n’a pas besoin d’un photographe et il reste à l’abri de tout regard. Le fils de Jor-El positionne l’appareil photo en face de lui et s’assure que l’écusson de sa famille « El » est bien mis en valeur, que sa cape virevolte dans le vent, que ses cheveux sont bien coiffés sur le côté, que son costume bleu et rouge rayonne. Il est beau, il est fin prêt pour la photo ! Le fils de Jor-El cligne des yeux, l’appareil se déclenche. Le cliché est parfait ! Metropolis resplendit avec ses immenses buildings et la mer qui les bordent. 

 

Le fils de Jor-El, que les habitants de Metropolis appellent Superman, tourne sur lui-même à quatre cents kilomètres par heure comme une toupie affolée, et ainsi il se transforme en Clark Kent. Clark, c’est le prénom que lui ont donné ses parents adoptifs, Jonathan et Martha Kent, quand ils l’ont trouvé dans un vaisseau à Smallville, au Kansas. Le fils de Jor-El a été nommé ici sur terre d’après le nom de jeune fille de Martha Kent, sa mère adoptive. Clark Kent marche vers les embarcations pour arriver vers Metropolis. Il ne doit pas trop tarder, son chef se met souvent en colère quand il arrive en retard pour remettre son rapport du jour. Son chef, qu’il appelle « boss », c’est le grand patron du Daily Planet, ce quotidien qui relate toutes les actualités et faits divers de Metropolis. Clark Kent monte à bord du ferry direction Metropolis. Il pense à Loïs Lane. Il est embêté, car la journaliste lui reproche toujours : « Clark Kent ! Clark ! Clark Kent ! Tu n’es jamais là quand Superman est là ! Toujours en retard dans ta plus grande maladresse ! Toujours à côté de la plaque Clark Kent ! Les habitants de Metropolis veulent en savoir plus sur Superman ! Tu comprends ? » Clark Kent esquisse un sourire. Loïs Lane est folle amoureuse de Superman, et Clark Kent a une attirance romantique pour la journaliste. Le paradoxe est que Superman est Clark Kent. Mais seul Superman connaît ce secret.

 

« Vous êtes arrivés à Metropolis ! » annonce le batelier dans le haut-parleur. Clark Kent enfile son chapeau et se dépêche de rejoindre le building du Daily Planet. Le voilà qui entre dans le bureau de son patron :

— Clark, tu as encore une heure de retard ! Mais que fais-tu bon sang de bon Dieu pendant ce temps ? Normalement, à l’heure de la pause déjeuner, tu es censé acheter un sandwich au supermarché ou un hot-dog dans la rue ! Tu le manges rapidement, à toute vitesse et quinze minutes avant la fin de la pause, tu reviens au Daily Planet ! Enfin Clark Kent, toujours en retard ! Et ôtez-moi ce chapeau bordel !

— Je m’excuse Monsieur, je veillerai à suivre vos directives pour la prochaine pause déjeuner ! répond Clark Kent sous le regard amusé de Loïs Lane qui travaille dans le bureau d’à côté.

— Non ! s’énerve le boss. Non et non ! Je ne veux plus te le répéter, la pause c’est juste une heure, pas une minute de plus et pas une de moins !

— Je m’excuse Monsieur ! dit Clark Kent en se raclant gentiment la gorge. Je m’excuse, ça n’arrivera plus !

Clark Kent sort du bureau du boss et revient dans le sien. Il constate une pile de dossiers sur son bureau. Ce sont des articles qu’il doit valider, réécrire et corriger pour le journal du lendemain. Il feuillette les dossiers. Un article attire son attention : « Un nouvel essai nucléaire de la marine américaine fait polémique ! Des manifestations ont lieu à Metroplis ! » Clark Kent s’inquiète. Une telle déclaration n’est pas censée être révélée aux habitants de Metropolis. Cette opération pourrait susciter un grand intérêt chez des génies du crime, des génies du désordre social, et en particulier Lex Luthor, ce scientifique qui le provoque sans arrêt. L’ennemi juré de Superman pourrait-il saisir cette occasion pour répandre la terreur ?

 

Clark Kent sort de son bureau. Il doit enquêter. La sécurité des habitants de Metropolis fait partie de sa mission. Il sera en retard demain encore…

 

Alan Alfredo Geday

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