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Embrasse-moi comme John, 1955

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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                  — Je veux t’embrasser comme John, lui dit Cary.

                  — Comme John ! Mais c’est facile enfin ! lui répond Grace.

                  — Rares sont les femmes qui…

                  — Qui ? continue Grace.

Cary, cet Américain de New York, se penche et embrasse Grace. Si seulement elle savait qu’à New York les immeubles sont immenses, les buildings pourfendent le ciel, les gratte-ciels s’élancent à l’infini. « Mais peu importe, je ne veux pas d’un homme riche mais d’un homme qui m’aime ! » réagit Grace en souriant. Si seulement elle savait qu’à Wall Street, l’Amérique tout entière prospérait. « Je ne quitterai jamais la France ! » s’énerve Grace. Si seulement, elle savait qu’il a noirci ses mains au travail, qu’il a buché pour en arriver là. « La France est belle mais moi, je suis un Newyorkais ! » répond Cary. « Je suis un Américain ! » continue-t-il. « Ah non New York, il manquerait plus que ça ! Je n’irai jamais en Amérique ! » insiste Grace. « Je ne quitterai jamais la France ! » continue-t-elle de plus belle.

 

Cary raffole du Sud de la France. Surtout la Côte d’Azur et sa belle Provence ! Les villages atypiques comme Saint Paul de Vence l’ont enchanté. Les villages en bord de mer aussi ! Et il n’est pas là pour très longtemps. L’histoire de quelques jours, l’histoire peut-être d’une escapade en amoureux avec Grace en bateau. Elle est serveuse à l’hôtel Lutetia. Et des Américains, elle en voit tous les jours. Elle les surnomme les « John ». C’est un surnom qui leur va bien. Simple et pas trop long ! Le prénom John en dit long. Ces gens-là sont trop riches. Ils ne savent plus où dépenser leur argent. Même le casino de Monte-Carlo du satisfait plus. Grace les voit souvent circuler en berline sur la Croisette ou sur la Promenade des Anglais. Cary adore la France. Qu’elle est belle et douce comparée à New York ! Cette ville bouillonnante qui ne dort jamais où il faut répandre les nouvelles comme le dit si bien la chanson de Frank Sinatra : New York New York !

 

               — Frank Sinatra ! C’est tellement beau ! J’aime beaucoup sa voix et sa musique ! avait dit Grace quand il prenait son petit-déjeuner.

                — C’est un Américain, vous savez ! avait répondu Cary.

Enfin ces Américains sont fiers de leur réussite ! Et quand ils viennent en France, ils se pavanent en achetant les bouteilles de vin les plus chères et les parfums de la Provence. Cary n’en croit pas ses yeux. Le lendemain, il doit attraper la United Airlines pour rentrer à New York. Ce moment de tendresse n’est que temporaire. Demain, il aura encore l’amertume de cette sortie en mer. Il se remémora ses tendres baisers avec Grace. Et elle ? Elle retournera travailler au Lutetia, car elle refuse de venir à New York. Pourtant Cary lui avait dit : « Tu vivras comme une reine, et tu trôneras sur les gratte-ciels ! » Elle avait souri. Ces Américains promettent des buildings quand en France, on connait le charme des ruelles, des pierres et des paysages pittoresques de Cézanne. Cary amarre le bateau au ponton et aide Grace à descendre en lui tendant la main. « La chambre de Monsieur est prête ! » dit avec courtoisie un marin. Grace s’échappe discrètement. Elle travaille dans cet hôtel tout de même. Si le patron savait, elle serait virée sur le champ pour avoir flirté avec un client des Amériques ! Cary monte dans sa chambre. Il prépare sa valise. Demain, il repart pour New York.

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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