« Pourtant, les vœux de cette nation ne peuvent être accomplis que si nous sommes les premiers et, par conséquent, nous avons l’intention d’être les premiers… Notre leadership scientifique et industriel, nos espoirs de paix et de sécurité, nos obligations envers nous-mêmes et les autres, nous obligent tous à faire cet effort, à résoudre ces mystères, à les résoudre pour le bien de tous les hommes et à devenir le premier pays spatial du monde. Nous choisissons d’aller sur la lune… nous choisissons d’aller sur la lune au cours de cette décennie et de faire d’autres choses, non pas parce qu’elles sont faciles, mais parce qu’elles sont difficiles ! Cet objectif servira à organiser et à mesurer le meilleur de nos énergies et de nos compétences, car ce défi est celui que nous sommes prêts à accepter, celui que nous ne voulons pas reporter et celui que nous avons l’intention de gagner ! » avait dit John Fitzgerald Kennedy lors de sa présidence.
Tôt ce matin, à Cape Kennedy, les mouettes survolent le site de lancement de la fusée américaine Challenger qui s’apprête à décoller dans quelques heures. Elles épient le moindre frémissement de l’eau. Leurs cris stridents percent le silence avant la tempête, avant le vrombissement foudroyant des réacteurs. Les mouettes remplissent ainsi le ciel encore pur, encore intact. Mais bientôt… Bientôt, le ciel sera pourfendu de lumière, de flammes, et la fusée traversera toutes les couches du ciel pour disparaître dans le lointain, dans l’inconnu, dans tout ce monde à conquérir : l’espace. Le néant. La mission est de larguer un deuxième satellite de suivi et de relais de données. Ce satellite avait pour objectif d’observer la comète de Halley. C’est la plus connue des comètes, ce petit corps céleste composé d’un noyau de glace et de poussière en orbite.
Le compte à rebours commence.
Trois, deux, un… Challenger se propulse sur le tir de lancement. Un nuage de feu se dégage, dense et opaque. Challenger s’élève à une dizaine de mètres du sol. Les mouettes s’échappent, effrayées. C’est un nuage de fumée qui s’amplifie, c’est un nuage d’oiseaux qui s’envolent. Les mouettes gémissent. Ce n’est plus le ramage du matin, mais un cri de panique. L’eau vibre en tous sens, le sol tremble. Le géant, Challenger, ce monstre de technologie, décolle pour atteindre trois mille deux cents kilomètres à l’heure, sa vitesse de croisière. Un monstre de technologie, mais aussi un bijou de la conquête spatiale !
Treize secondes plus tard, c’est un cri dans l’atmosphère. Le chant du cygne. Challenger explose. Les sept membres de l’équipage sont morts, d’un coup, d’un seul. Et au sol, le cœur des ingénieurs s’est arrêté. Poussière n’est que poussière et l’homme retournera à la terre, selon la Genèse. Comme Icare voulant toucher le soleil, Challenger est tombé d’avoir visé trop haut.
Alan Alfredo Geday
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