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Central Park, 1955


 

New York est une ville foisonnante et bouillonnante. C’est la mégalopole aux mille gratte-ciels qui font sa fierté. Les immeubles s’élancent vertigineusement vers le ciel, les buildings transpercent l’atmosphère, les gratte-ciels décollent à l’infini, alignés les uns aux autres entre des ruelles qui paraissent éternellement petite. Car New York, connue aussi sous le nom de Grosse Pomme, ne dort jamais. Les klaxons des taxis jaunes retentissent toutes les nuits, les lumières du Rockefeller Plaza éclairent la nuit sombre, les néons lumineux de Time Square ne s’éteignent jamais, et les shows de Broadway s’achèvent à l’aube. Les rues se remplissent et se vident à l’infini, de vendeurs de hot-dogs, aux mendiants, aux policiers, aux touristes jusqu’à ces inconnus qui nourrissent les oiseaux de Central Park. Central Park est un havre de paix aux milieux des gratte-ciels et de l’agitation infernale de la ville.

 

John et Mary s’arrêtent et descendent de leur vélo. Ils déploient une carte du parc. Il est immense et traversé par des cours d’eau. Les oiseaux gazouillent, les pies bavardent, les corbeaux qui effraient les pigeons croaillent. Ces chants ont remplacé les klaxons des taxis et des bus. Et les arbres donnent l’illusion d’être loin des buildings de la ville. Central Park est une pensée pure dans un esprit troublé. John et Mary travaillent à Wall Street, au New York Stock Exchange. Là où l’on ne parle qu’argent et bénéfice net. Là où l’on ne discute que profits des magmas de l’industrie et des hommes riches. Et aujourd’hui, ils ne veulent rien savoir et se détendre. Le couple discute de la faune. Ils circulent tranquillement dans les allées du parc. On croise un paon, on observe les écureuils, on remarque un lapin rentrer dans son terrier. Ils en profitent, car la journée de demain s’annonce encore une fois effrayante. Quand le lourd rideau de Wal Street s’ouvrira, ils replongeront dans le stress de la semaine. Il n’y aura pas de chants d’oiseaux pour les reposer, mais des coups de marteaux pour marquer les transactions. Il n’y aura pas d’animaux pour les divertir, mais des hommes violents hurlants pour vendre les actions.

                  — Si seulement on pouvait dormir à Central Park, dit Mary à son époux.

                  — J’ai l’impression d’être complètement déconnecté du monde. Je ressens de la paix et de la joie.

                  — Moi aussi ! Où sommes-nous exactement ? répond Mary.

                  — Il faut regarder la carte…

                  — Et si on empruntait cette allée ? suggère Mary.

Les deux pédalent vers le Nord du parc. C’est merveilleux d’avoir ce réservoir de nature en plein milieu de la ville. Le parc présente des plantations et des formes de terrain d'aspect naturel, ayant été presque entièrement aménagé lors de sa construction dans les années 1850. Il possède huit lacs et étangs créés artificiellement en endiguant des suintements et des écoulements naturels. Plusieurs sections boisées, des pelouses, des prairies et des zones herbeuses mineures complètent le tout avec quelques dix kilomètres d’allées. Une demi-heure plus tard, Mary observe les immeubles se dessiner :

— Me dis pas que la journée touche à sa fin !

— De retour à la réalité, mon amour !

 

Alan Alfredo Geday

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