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Brigitte par Bardot, 1956

  • alanageday
  • 26 mai
  • 3 min de lecture

Getty Images
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À Saint Tropez, sur le tournage de « Et Dieu créa la femme » de Roger Vadim, Brigitte s’offre une pause bien méritée. Elle est vêtue d’un corset et d’un voile de mariée. Il fait chaud dans le petit port de pêche, et le soleil du Sud de la France est ardent. Des photographes immortalisent l’instant à l’autre bout, sur le rocher. Ils sont quelques-uns à s’être présentés pour photographier la sex-symbol française. Cette dernière en profite pour craquer une allumette et fumer une cigarette pendant que son mari Roger Vadim donne ses directives pour la prochaine scène du film. La sueur ruisselle le long de ses jambes. Son assistante lui tend le magazine du mois.  Brigitte Bardot est enthousiaste. Elle fait craquer les hommes et trembler la planète par sa splendeur sauvage. Quelques jours plus tôt, les photographes l’ont mitraillée. Ces jours-ci, Brigitte est Brigitte par Bardot ou « BB » pour ceux qui l’admirent comme une déesse de la beauté. Brigitte ne sait plus qui elle est ! Elle ouvre à l’instant le magazine et découvre des photos d’elle en feuilletant le journal. Sur les photos, elle court, elle entre dans des boutiques, elle sort des restaurants, elle se maquille, elle se fait coiffer, elle tient la main de Roger Vadim, elle embarque sur un bateau en pleine mer, elle bronze sur la plage. Elle n’a pas le temps de penser aux photographes. Son regard est sauvage. Brigitte est Brigitte par Bardot. Pourtant, elle est venue à Saint Tropez pour se ressourcer et trouver un havre de paix. Elle est venue dans ce petit port de pêche pour fuir la fureur parisienne, pour être tranquille et pour réfléchir.

                  — Que vous êtes belle sur cette photo ! la flatte l’assistante en l’aidant à tourner les pages du magazine.

                  — Y a pas un lieu à proximité de Saint Tropez où ces photographes ne m’attendent pas ! se plaint l’actrice.

                  — Les photographes vous aiment, et les Français adorent vos photos ! la rassure l’assistante.

                  — Tu adoreras ton dieu seul, insiste Brigitte Bardot.

                  — Et Dieu créa la femme ! s’amuse l’assistante.

 

Dieu créa la femme et le diable inventa Brigitte Bardot ! L’écrivaine Simone de Beauvoir a dit : « Un saint vendrait son âme au diable pour la voir danser ». Que ne donnerait-on pas pour la voir ? Qui ne vendrait pas ces biens pour elle ? « BB » ! Brigitte est la fille d’une passionnée de danse classique, amère de n’avoir pas foulé les planches de l’Opéra Garnier, de n’avoir pas fatigué ses jambes en pirouettes, et déployé ses bras sous les halos blancs. La mère de Brigitte Bardot s’était mise à rêver pour sa fille. Deviendra-t-elle un jour une danseuse ? Le destin en a voulu autrement, et celle que l’on peut appeler la poupée enchaine les rôles au cinéma. Quelques années plus tôt, du haut de ses dix-huit ans, elle épousait Roger Vadim. Elle était habillée comme aujourd’hui, et c’était la réalité. À l’image de ce long métrage « Et Dieu créa la femme ». Brigitte Bardot tourne les pages du magazine. « Encore des photos de moi ! » s’étonne-t-elle. Elle tire une latte sur sa cigarette, et rejette la fumée du nez. « Que des photos de BB ! » continue-t-elle avec complicité. Elle attend que son mari effectue les derniers réglages de sa caméra pour reprendre le tournage.  

 

Dans « Et Dieu créa la femme », Juliette, à l’image de l’actrice, belle et sensuelle, fait chavirer les cœurs dans le petit port traditionnel de Saint-Tropez. Trois hommes se disputent l'amour de cette orpheline de 18 ans dont la soif de liberté est grande et qui redoute les lendemains. « Et Dieu créa la femme » déchaîne une cascade de sentiments, autant de passion, d'idolâtrie et de coup de foudre pour les uns, que d'indignation, de colère ou de haine pour les autres. Brigitte Bardot, exprime au cinéma son désir à l'égal d'un homme, et utilise son corps pour s'affirmer et conquérir la liberté.

 

Alan Alfredo Geday

 
 
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