Andy et Mockingbird rentrent de mission, sains et saufs, les yeux remplis de ciel. Il y a toujours quelque chose d’intéressant à voir dans le ciel nocturne, un clair de lune ou un soleil levant. Il y a des scènes d’une grande beauté à contempler, les nuages prenant des allures fantastiques. Les deux pilotes ont fait l’expérience des aurores boréales, des lumières verdoyantes, du soleil fauve. Parfois, ils aperçoivent au sol des éclairs qui signalent l’écrasement d’un avion abattu. Parfois, des éruptions éclairent le ciel, et comme elles annoncent généralement l'activité des chasseurs, ils doivent redoubler de vigilance pour se prémunir contre les attaques soudaines. Cette fois-ci, la mission s’est déroulée sans encombre. Andy et Mockingbird devaient faire de la reconnaissance au-dessus des côtes normandes. Car le grand jour approche, le jour J n’est plus très loin, et ils vont bientôt bombarder les forces ennemies hitlériennes sur la plage d’Omaha. Leur avion, le B26 Marauder, est surnommé le « faiseur de veuves », tant il est dangereux. Nombreux sont les pilotes qui ont perdu la vie au décollage et à l’atterrissage de l’avion. Même pas au combat, même pas dignement !
— Bientôt le grand jour ! dit Andy à Mockingbird. On va leur faire la peau à ces Nazis !
— Tu parles ! Avec notre B26 Marauder, on va les bombarder jusqu’au dernier, répond Mockingbird… Après ça, je rentre à la maison, et je pense faire l’amour à ma femme une bonne dizaine de jours…
— T’en as de la chance ! Elle est bien belle en tout cas ! Une vraie pin-up !
En effet, Mockingbird a peint sa femme sous les traits d’une pin-up sur la carlingue du B26 Marauder. Il n’a pas honte de dévoiler à ses camarades la beauté de son épouse. Elle remonte le moral à tous ces pilotes de l’Air Force qui voient en elle un ange qui les protège. Un avion sans pin-up, c’est comme un bateau sans proue, ou un sapin sans étoile.
Dans la caserne, les pilotes se détendent. Ils lancent leur casquette dans le coin mais prennent soin d’accrocher leur blouson de cuir au lit superposé. Mockingbird déballe une boîte de chewing-gum. Il n’y a que ça qui le détend après une longue journée de reconnaissance. Andy commence une série d’abdominaux sous le regard amusé de Mockingbird : « Pense à Gladys, ça va te donner des forces ! » Les aviateurs se mettent à compter la série d’abdominaux de Andy, tous en chœur. Puis vient le temps de se réconforter. On sort un jeu de cartes. Un aviateur met en marche le gramophone. Le son grésille, et la musique résonne dans la caserne :
Paix, c’est merveilleux
Lorsque cette beauté militaire
À l’origine du coup de sifflet
Comme un signal de la victoire gagnée
Et son soldat se détend
Après avoir donné une claque à l’Axe
Elle le laisse dans un sommeil profond
Et la nuit tombe. Les aviateurs s’endorment. Mockingbird est au-dessus d’Andy. Il peine à trouver le sommeil. Andy n’arrête pas de faire des bulles avec son chewing-gum.
Alan Alfredo Geday
Comments