Alla Nazimova, 1915
- alanageday
- 26 mai
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Adelaïda Yakovlevna Leventon, qui prendra le pseudonyme Ala Nazimova, nait à Yalta, en Crimée, dans l'Empire russe. Mais nul ne sait à quelle date. Pour certains, elle serait née en 1879, mais pour d’autres en 1908 ! Il faut dire que l’actrice est coquette, et qu’elle entretient son éternelle jeunesse. Quelle indélicatesse, d’ailleurs, de lui demander son âge. Si son nom ne vous évoque rien, c’est qu’elle est peu à peu tombée dans l’oubli. Pourtant, ce fut l’une des plus grandes stars de Hollywood, la fameuse colline californienne, et son éclat traversa toutes les frontières. Elle était même l’actrice du cinéma la mieux payée au monde avec un salaire s’élevant à 13000 dollars pour Metro Pictures. Elle a également marqué son époque par son appartenance à la société secrète des actrices lesbiennes : « le cercle de couture ». Mais connaissez-vous son histoire ?
Son père Yakov, un pauvre pharmacien juif originaire d'Ukraine, la soumettait régulièrement, ainsi que sa mère, à des coups de fouet et à toutes sortes de brutalités. Alla Nazimova est traumatisée à vie dès son plus jeune âge. ELLE est encore très loin des néons lumineux de Broadway et des projecteurs éblouissants de Los Angeles. En 1882, son père fait déménager sa famille en Suisse, craignant les pogroms qui éclatent de Kiev à Odessa. Les juifs de Russie sont persécutés et mis à l’écart. Yakov n’a pas le choix. « Nous devons partir, et tout de suite ! » annonce-t-il à sa famille sans plus d’explication. En effet, il n'a jamais révélé à ses enfants qu'ils étaient juifs, et il faudra des années avant qu'Alla ne comprenne la véritable raison de ce déménagement.
À l'âge de 10 ans, la jeune future prodige rejoint son père remarié à Yalta. Devenu riche après avoir gagné l'appui du tsar, il inscrit Alla à des cours de violon et au théâtre, mais lui interdit de se produire sous le nom d'Adelaïda Leventon, de peur de déshonorer le nom de la famille. La fillette respecte tellement son père. Déterminée à se produire, elle adopte le nom de scène Nazimova, inspiré d'une héroïne de roman russe. Alla étant le diminutif d’Adelaïda. Son stratagème fonctionne et le nom restera gravé dans l’esprit de la haute société américaine pour quelques temps. Le théâtre est un moyen d’évasion pour Alla. Elle prouve son talent naturel. Quand elle s’installe à Moscou pour étudier l’art dramatique, elle se voit obligée pour joindre les deux bouts de se prostituer devenant ainsi la maîtresse d'un riche admirateur dont la générosité lui permet de se concentrer sur son métier d'actrice. Alla joue beaucoup au théâtre, elle dépasse sa performance et son naturel. Elle joue dans une pièce appelé « Le peuple élu » !
Avec l’arrivée de milliers d’immigrants à New York, Broadway est un terrain fertile pour le théâtre ethnique, et « Le peuple élu » connaît un grand succès auprès des publics juifs multinationaux, parmi lesquels l'anarchiste radicale Emma Goldman. Cette dernière devient la responsable de la troupe « Le peuple élu ». Bien sûr, Alla Nazimova est vite repérée. C’est le début de Broadway, et un petit pas sur Hollywood.
En 1927, elle est naturalisée américaine. Elle dira avant de mourir : « Nous sommes tous les histoires que nous racontons » et, comme elle le dit fièrement mais humblement : « Un artiste n'est mort que lorsque la dernière personne qui se souvient de lui meurt ».
Alan Alfredo Geday