Adrianne est fière d’être une habitante de l’Alaska. Sa région signifie « grande Terre » et la plupart des habitants la surnomment « la terre du soleil de minuit ». Il est tard dans la nuit, et Adrianne, cette chercheuse et défenseuse de la cause animale, a décidé de s’aventurer sur le rivage à la recherche de morses. Adrianne rame tranquillement, et la barque fend les eaux cristallines. Elle est amoureuse de l’Alaska et connait son histoire sur le bout des doigts. Ce territoire fut colonisé par des trappeurs russes à la fin du XVIIème siècle. Les Russes profitèrent de ses ressources pour le commerce du bois et surtout la traite des fourrures. Les trappeurs russes établirent alors des comptoirs de traite permanents sur les îles. L’objectif fut de chasser la loutre de mer, dont la fourrure se vendait à un prix d’or sur le marché chinois. Comme en Sibérie, les Russes embauchèrent, propagèrent l’alcool et cherchèrent à convertir à l'orthodoxie les populations locales. Adrianne déteste les Russes. Du haut de ses vingt ans, elle est fière que les Américains aient racheté le territoire pour sept millions de dollars. Adrianne sort de ses pensées. Elle aperçoit un morse échoué sur le rivage. Elle se prend de pitié pour le pauvre animal qui respire toujours mais qui a l’air de souffrir. Elle rame en sa direction, et descend de la frêle embarcation. Elle demande à deux petits esquimaux de la rejoindre. Les trois portent le mammifère et le mettent dans l’embarcation. Il semble que le phoque souffre d’une hémorragie. Il a été peut-être été attaqué par un ours polaire. « Il a perdu ses dents, on a dû lui voler pour les revendre sur le marché noir » explique Adrianne aux deux esquimaux. Adrianne sort en hâte sa bouteille d’alcool qu’elle verse sur une serviette. Elle essuie l’hémorragie avec passion. Le morse se met à bêler et à grogner. Une larme coule sur le visage d’Adrianne. « Ne t’inquiète pas ! Tout va bien se passer ! » lui murmure-telle. Puis Adrianne procède à quelques mesures. Sa taille et la grandeur de ses nageoires qu’elle note dans un calepin. Les trois portent le morse tant bien que mal et le rejettent à l’eau. Adrianne le regarde plonger dans l’eau cristalline. Elle le voit s’éloigner, le morse semble revivre, il est vif comme un dauphin. Elle est fière de son acte. Elle a sauvé un animal. Et pas n’importe lequel !
Les trois rament en direction d’Anchorage. Les premières maisons se dessinent. Ils aperçoivent les fumées s’échapper des cheminées. Adrianne est amoureuse de l’Alaska, cette terre où le soleil brille jusqu’à minuit. Elle veut rester ici pour toujours, loin de la violence des grandes villes, loin de tout, rien qu’en Alaska. Adrianne observe le ciel bleu et velouté. Le soleil a toujours un œil et une facette sur Anchorage. Ils approchent des pontons. L’embarcation amarre. Adrianne sort et aide les deux esquimaux à débarquer.
Demain, elle reviendra. Elle reviendra toujours sauver la vie d’un animal. Elle l’espère. Il fait froid ici. Elle rentre retrouver ses parents.
Alan Alfredo Geday
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