top of page

Nicodème, av JC

  • alanageday
  • 26 mai
  • 4 min de lecture

Getty Images
Getty Images

 

Nicodème se faufile discrètement dans le marché de Jérusalem. N’est-il pas lui aussi un membre du Sanhédrin ? N’est-il pas lui aussi un juif qui croit à la venue du Messie ?  Il reste pensif. Et ces pensées effleurent tous les marchands préoccupés à vendre des provisions la veille du Sabbat. Et ce Jésus de Nazareth ! Qu’a-t-il fait de mal ? Pourtant Nicodème l’a toujours dit aux membres du Sanhédrin. « Tout homme doit être entendu selon la Loi des livres avant d’être jugé ». La rumeur circule dans le marché que Jésus de Nazareth n’a rien fait de mal à part des miracles, et qu’aujourd’hui, il ne peut même pas se sauver de la foule et des Romains. Il est crucifié pour avoir déclaré être Roi de Jérusalem, une injure pour l’Empire romain. Mais Ponce Pilate ne veut rien entendre. Ce sont eux, les juifs du Sanhédrin, qui l’ont livré au préfet Pilate. Le préfet s’est lavé les mains. Il s’est rincé les doigts sous l’eau versée par le soldat romain. Dans toute cette histoire, Pilate est innocent. Son devoir est de faire régner l’ordre en Galilée. « Et voici l’homme qui dit qu’il est le roi ! » Ainsi les Romains présentèrent Jésus à Pilate avec une couronnes d’épines éraflant ses tempes. La garde rapprochée de Pilate a même écrit sur sa plaque de crucifixion : « Le Roi des Juifs ». Après tout, le Sanhédrin a livré l’un des leurs à Pilate. Nicodème cherche dans le marché du parfum pour embaumer le corps de Jésus au coucher du soleil. Il s’arrête devant un vendeur et demande un mélange de myrrhe et d’aloès. Il paye toute une fortune pour l’innocent. Quelques centaines de livres romaines ! Il se dirige vers le grand mur de Jérusalem pour observer de loin les trois crucifiés. Il se souvient de ses rencontres avec Jésus au jardin des oliviers.

 

— Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu, car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui, dit Nicodème qui vint trouver Jésus de nuit au jardin des oliviers.

— En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu'un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu, lui répondit Jésus.

— Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? demanda avec inquiétude Nicodème qui observait ses disciples dormir.

— En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu'un ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne vous étonnez pas si je vous ai dit, il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et vous entendez son bruit, mais vous ne savez ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même pour quiconque naît de l'Esprit.

— Comment cela se fait-il ? demanda Nicodème.

— Es-tu le maître d'Israël, et ne comprends-tu pas ces choses ? répliqua Jésus. En vérité, en vérité, je vous le dis, nous parlons de ce que nous savons et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, mais vous ne recevez pas notre témoignage. Si je vous ai dit des choses terrestres et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous si je vous dis des choses célestes ? Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.

 

Nicodème se penche au-dessus du grand mur de Jérusalem, ayant camouflé le mélange de myrrhe et d’aloès dans sa tunique. Jésus, le roi des Juifs, suffoque sur la croix. La foule silencieuse admire sa souffrance, sa respiration, sa transpiration, son agonie, son martyr et le moindre de ses gestes. Toutes les gouttes de sang sont un mystère, des pierres précieuses perdues dans la Terre de Jérusalem. La foule le dévisage. Surtout quand il parle au tonnerre qui gronde et tranche le ciel. « Élie, Élie, pourquoi m’as-tu abandonné ? » demande-t-il aux cieux. Comme un agneau innocent, comme un agneau … pur et innocent. Les nuages s’amassent dans le ciel. Nicodème ne peut s’empêcher de verser quelques larmes. Surtout pour sa mère, Marie de Bethléem venu avec Jean, fils de Zébédée, dire adieu à son fils unique. Nicodème ferme les yeux et le tonnerre gronde encore plus fort. Plus fort quand la foudre lacère le ciel. Nicodème pense à ce royaume que Jésus mentionnait souvent. Un royaume où l’on ne peut rentrer sans volonté ni effort. Le royaume des justes, des humbles, des honnêtes. Jésus disait à son disciple Matthieu : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche de rentrer dans le royaume de Dieu. « Mais quel est ton royaume Jésus ? » murmure Nicodème. Nicodème baisse la tête en signe de respect. Il s’éloigne du mur et part trouver Josèphe d’Arimathie pour lui remettre le mélange de myrrhe et d’aloès.

 

Tout à coup, un tremblement de terre tranche la Galilée, au dernier souffle de Jésus de Nazareth.

 

Alan Alfredo Geday

 

 
 
bottom of page