Arnold Schwarzenegger grandit dans une famille catholique qui se rend à la messe tous les dimanches. Il est éduqué de façon stricte. Malheureusement, son père, officier de l’armée autrichienne, n’a aucune patience, et l’alcool n’aide pas à l’adoucir. Alors, il bat son fils qu’il trouve efféminé et indigne de ses espérances. Il frappe pour se défouler, pour l’endurcir, pour lui montrer sa déception. Il est tellement malingre et pleurnichard ! Le petit Arnold n’a pas la carrure ni la prestance de son frère, et il est bien rêveur. Il est tiré par les cheveux, il reçoit des coups de ceinture, il encaisse quotidiennement la violence et les humiliations. Comme beaucoup d’autres familles en Autriche, les enfants sont menés à la baguette. Mais Arnold refuse vite de se conformer à ces règles strictes qui ressemblent à des lois gouvernementales. Il commence à se rebeller, il rêve de l’Amérique, d’ailleurs, de tout sauf du foyer familial. Son père hurle : « Tu ne peux pas faire ça ! » en le fouettant. Arnold jure de partir pour toujours, de se faire une autre vie. Il veut devenir quelqu’un.
Arnold est joyeux, enjoué et exubérant à l’école. Son père veut qu’il devienne policier, sa mère un homme d’affaires. Mais lui rêve de devenir un champion. Il veut se tailler un corps d’athlète, il veut impressionner son père. Il est bien décidé à suer, à se battre, à lutter chaque instant pour échapper à sa condition. Ainsi, il essaye de nombreux sport mais il est vite déçu. Que peut-il faire ? Cette question l’obsède nuit et jour. Mais un après-midi, alors qu’il marche tranquillement dans la rue, il aperçoit dans une vitrine une couverture de magazine qui l’interpelle. Cet instant changera à jamais sa vie. L’adolescent pousse la porte de la boutique et se rue sur le magazine. Il a quelques pièces en poche, tout juste de quoi s’offrir cette merveille. Il tend la monnaie au vendeur qui le dévisage. En sortant, Arnold s’assoit sur le rebord du trottoir et ouvre grand le magazine sur ses genoux. Il s’agit d’un portrait de Reg Park, le célèbre culturiste anglais. Qu’il est beau ! Qu’il est fort ! Qu’il est impressionnant ! Un jour, Arnold deviendra, lui aussi, Monsieur Univers, c’est décidé !
Le culturisme envahit la vie d’Arnold. Son père est très inquiet. L’entrainement lui prend tout son temps. L’officier de l’armée autrichienne décide de lui interdire d’aller à la salle de sport. Mais Arnold Schwarzenegger s’entraine en cachette, il soulève tout ce qu’il peut, il essaye de bouger des voitures, il contracte les muscles. Son corps prend de l’allure, Arnold sue, il transpire, il trime pour atteindre son objectif. Le futur chêne autrichien sculpte son corps. « Je veux devenir l'homme le mieux bâti du monde, puis je veux aller en Amérique et être acteur », réplique-t-il à son père avec nonchalance.
— Que vous êtes beau, Monsieur Arnold ! lance une danseuse des Folies Bergères en roulant les r.
— Monsieur Arnold ! Continuez, c’est magnifique ! réplique une autre danseuse.
— Monsieur Schwarzenegger, vous êtes à l’apogée ! le complimente une dernière.
Les danseuses des Folies Bergères se sont permis une séance photo avec Monsieur Univers que l’on connaît tous sous divers surnoms tels que « Schwarzy » ou « le chêne autrichien ». Arnold Schwarzenegger lève les deux bras et contracte ses biceps. Qu’il est beau ! Qu’il est sculpté ! Les danseuses des Folies Bergères sont impressionnées. Arnold ne sait pas qu’il a encore un long parcours devant lui. Il deviendra gouverneur de Californie et endossera le surnom de « governator ».
Alan Alfredo Geday
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