Entre 1896 et 1899, plus de cent mille prospecteurs d’or étatsuniens s’aventurent dans le Klondike, dans le territoire canadien du Yukon. C’est la ruée vers l’or. L’épopée commence par un voyage angoissant vers le Nord, depuis des villes côtières comme Victoria, Seattle, Portland et San Francisco. À leur arrivée, les aventuriers doivent traverser le col du Chilkoot. Ce col de montagne est très escarpé et s’élève à plus de mille mètres d’altitude à son point culminant. Les chercheurs d’or ont l’obligation d’apporter une tonne de ravitaillements, c’est l’exigence de la police à cheval du Nord-Ouest. Un prospecteur doit pouvoir survivre une année entière grâce à ses vivres. Ainsi, des milliers d’hommes, chargés de lourds fardeaux, s’engouffrent dans un sentier de trente-trois kilomètres obstrué par la glace et la neige. Ils sont sans cesse menacés par les avalanches, la noyade, la maladie et l’épuisement. Ils doivent faire de nombreux aller-retours pour acheminer leurs vivres, et certains empruntent le sentier trente à quarante fois. À leur arrivée au Klondike, il est déjà trop tard pour les chercheurs d’or pour se mettre au travail, car l’été est court dans le Nord. Alors, chaque homme doit se construire un abri pour affronter l’hiver et endurer sept mois de froid, d’obscurité, de maladie et d’isolement. Certains auront la chance de trouver de l’or, mais la grande majorité des chercheurs devront lutter chaque jour pour leur survie et leur existence sera fastidieuse.
L’enfance de Charlie Chaplin est marquée par la misère et la privation. Il est admis dans un foyer pour enfants pauvres à l’âge de sept ans. Quand il en sort, sa mère est envoyée en hôpital psychiatrique. Puis son père décède de son alcoolisme. Le petit Charles est vite livré à lui-même et à l’hostilité du monde. Le naturel optimiste et poétique que l’on connaît à Charlie Chaplin lui fait sublimer son enfance dans le personnage de Charlot, ce vagabond clownesque. On le reconnaît à son pantalon trop large, son manteau étriqué, son chapeau melon trop petit, ses chaussures surdimensionnées, sa canne, et surtout, à sa petite moustache. Il devient le clochard le plus célèbre et le plus aimé de l’histoire du cinéma. Après son rôle dans The Kid, Charlot apparaît en chercheur d’or du Klondike. Dans La Ruée vers l’or, Charlot cherche un abri pour se protéger du grand froid. Pris dans une tempête de neige, il trouve refuge dans la cabane isolée de Black Larsen, un dangereux repris de justice qui refuse de le secourir. Un autre prospecteur du nom de Big Jim entre en scène, et calme le jeu. Les deux prospecteurs Charlot et Big Jim obtiennent l’autorisation de rester sur place. Mais la faim les tenaille ! Charlie Chaplin nous dépeint la misère et la famine avec humour. Les personnages affamés dévorent la semelle de leurs chaussures, ont des hallucinations grotesques et sont tentés de s’entre-dévorer. Pourtant, la pire des situations fait rire. Cette ruée vers l’or symbolise une situation bien plus universelle, celle des miséreux en quête d’espoir, celle de ces pauvres gens qui sont prêts à tout pour survivre dans un monde hostile. Mais avec Charlie Chaplin, le rire est porteur d’une vérité inavouable, le rire est salvateur, le rire est cathartique.
Alan Alfredo Geday
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