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La poupée, 1967


Getty Images

 

Dieu créa la femme et le diable inventa Brigitte Bardot ! L’écrivaine Simone de Beauvoir a dit : « Un saint vendrait son âme au diable pour la voir danser ».

 

Brigitte Bardot est la fille d’un industriel issu de la haute bourgeoisie. C’est aussi celle d’une passionnée de danse classique, amère de n’avoir pas foulé les planches de l’Opéra Garnier, de n’avoir pas fatigué ses jambes en pirouettes, et déployé ses bras sous les halos blancs. La mère se met à rêver pour sa fille. Elle veut vivre à travers elle. Elle lui souhaite le bonheur qu’elle n’a jamais connu. Elle se montre sévère, Brigitte n’est pas à la hauteur de ses espérances. « Tiens-toi droite », « Lève le menton », « Galbe le mollet » crie-t-elle à travers le salon transformé en salle de danse. Le père s’amuse de voir sa blondinette tournoyer sur le tapis. Ces entraînements ne sont pas sérieux. Il sort sa caméra flambant neuve pour capturer le visage poupon de sa chère Brigitte. Elle est belle sur la pellicule.

 

La petite Brigitte prend goût à la caméra. Et quand elle est repérée par Hélène Lazareff, directrice du magazine Elle, pour présenter la mode des adolescents, elle n’hésite pas un instant. Elle aime la lumière des projecteurs, et rêve de s’admirer sur du papier glacé. Elle a tout pour enflammer la pellicule des photographes : une silhouette élancée, une moue boudeuse et un regard sauvage. Le jour où le réalisateur Marc Allégret s’empare d’un magazine Elle, il tombe des nues en tournant les pages du périodique. C’est la femme que Dieu créa, c’est celle qu’il lui faut. Le sort ne se fait pas attendre, Marc Allégret veut l’auditionner. Son assistant n’est autre qu’un certain Roger Vadim. La poupée n’en est qu’à ses débuts !

 

Promesse faite à son père ! La poupée épouse Roger Vadim à l’âge de dix-huit ans. C’est encore une enfant. Elle fait ses premiers pas au cinéma, et très vite, elle enchaîne les rôles. Elle est prise dans le tourbillon du cinéma, dans le filet de la gloire, et dans le regard des hommes. Sa mère voulait la transformer en petit rat de l’Opéra, et la voilà devenue un sex symbol. Elle joue devant la caméra comme elle joue dans la vie. Elle ne sait plus vraiment qui elle est. Elle devient « BB », un mélange peu subtil de jeunesse et de beauté standardisée. Elle n’a plus aucun répit, entre son mariage et ses films, entre les soirées mondaines et les interviews, elle court, elle minaude, elle se maquille, se fait coiffer, et elle n’a plus le temps de penser.

 

Décidément, elle est mitraillée des yeux à longueur de journée. Brigitte Bardot a besoin de répit et cherche un coin perdu de France où se retirer, loin des hommes. On ne fait que lui répéter qu’elle est belle et qu’elle doit le rester. Brigitte Bardot cherche un sens à sa vie, une profondeur. C’est dans une petite demeure de pêcheur à Saint Tropez qu’elle se ressource. Ce refuge deviendra son havre de paix. Elle écrira plus tard : « Je me crée mon monde à l'intérieur du monde des autres et j'essaie de ne pas trop en sortir. Un des buts de mon existence, conserver un monde à moi, le plus joli possible, le plus honnête possible ».

 

Alan Alfredo Geday

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