Il était une fois les Israélites, il y a plusieurs milliers d’années. Ils vivaient en communauté et en harmonie autour de leur chef. Ces hommes vivaient en toute tranquillité dans des « sukkah », des maisons à trois murs avec un toit semi couvert, conçues pour permettre aux quatre éléments de passer : le vent, l’eau, la terre et le feu. Ces maisons rappelaient les tabernacles dans lesquels les agriculteurs israélites vivaient pendant la récolte. Ils cultivaient des légumineuses et tout ce qui poussait dans la terre fertile. Quand la récolte se terminait, les hommes en apportaient une partie au Temple de Jérusalem. C’était une tradition et un remerciement. Bien plus tard, à l’automne, les Juifs célèbreraient la fête des moissons connue sous le nom de « Sukkot ». Ainsi, les Juifs construisaient une hutte pour y vivre, y boire, y dormir et y prier pendant une semaine. De là naquit la tradition des vendanges.
L’époque des vendanges est une tradition très festive en France. C’est une fierté et un savoir-faire français. Les vendanges font partie de l’étape la plus marquante de la fabrication du vin. Cette dernière annonce la fin du travail de la vigne et le début de la vinification. Et la France est un vaste territoire. À chaque région sa tradition, à chaque territoire ses coutumes. En Champagne la tradition veut qu’on parle de Cochelet pour célébrer la fin des vendanges. Au Moyen âge, les gaulois apportaient un coq au cours du repas auquel ils faisaient fièrement boire du vin. L’animal était ensuite relâché. Les rires fusaient, les acclamations des plus ahuris et les moqueries amusaient les convives. Mais les temps ont bien changé. Le coq n’est plus, il a disparu et les comportements se veulent plus éthiques. En Bourgogne, les Français célèbrent les vendanges autour d’un repas traditionnel : la « Paulée ». La Paulée est célébrée le troisième week-end de novembre. Son nom est issu du patois « pelle », en référence au dernier coup de pelle à raisins versée au pressoir.
La fin des vendanges se fête ! Ce matin, les habitants de Montmartre se sont réunis sur la place principale du sommet de la capitale, la place du Tertre. Les touristes ont porté leur attention sur cet attroupement atypique. Les Parisiens sont venus nombreux, on est joyeux. Un pressoir a été disposé la veille pour extraire le jus des raisins. Ce sont deux hommes qui ont la charge de presser le raisin. Vêtus d’un béret, d’un long tablier et de grandes bottes, ils font tourner le pressoir, et les premières gouttes du goûteux nectar tombent déjà dans le fût. Les habitants regardent avec fierté le tonneau qui se remplit. C’est le fruit du travail des vignerons français. Quelques femmes applaudissent, les hommes s’impatientent pour goutter le breuvage. Les artistes ont cessé de peindre, et le son des cors de chasse résonne dans tout Montmartre. Les musiciens soufflent de plus en plus fort dans leur instrument guerrier. Car planter la vigne est une culture délicate, périlleuse et difficile. C’est un savoir-faire français. Le monde raffole du vin de France. Et il est hors de question pour les Français de ne pas célébrer la fin des vendanges. C’est un acte symbolique. On n’est pas là s’enivrer, mais pour représenter la France en bon patriote. Les Montmartrois célèbrent ce jour comme un jour saint. La tradition reste ancrée, et on ne rate jamais les vendanges.
Les deux hommes sont fatigués. Ils ont pressé les raisins. Un musicien leur verse quelques gouttes dans un verre. Ils ont l’honneur de goutter la récolte de la saison. Pour commencer, ils font tourner le verre entre leurs doigts pour contempler la robe. Puis ils hument le parfum du vin. De la framboise, du poivre, et du cuir ! On les regarde, interloqués. Quand vont-ils enfin goûter ce vin ? Les hommes réunis autour du pressoir attendent les pronostics avec impatience. « Magnifique ! Corsé comme il le faut ! » lance le vigneron à la foule. On entend des acclamations. Il y en aura pour tout le monde sous une couleur : le rouge.
Alan Alfredo Geday
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