Winston Churchill fait partie de ces hommes qui s’inquiètent à mort. Son état anxieux lui a valu le surnom de black dog. Le Premier ministre britannique n’a que des chats à fouetter, et il s’inquiète pour tout. Les pertes humaines pendant la guerre, les pertes matérielles comme les tanks et les avions de la Royal Air Force, l’avancée des troupes sur le champ de bataille, la logistique et la stratégie. Winston Churchill est fier, il vient de rentrer des États-Unis où il a réussi à convaincre le Congrès d’entrer en guerre. Mais il s’inquiète ! Même ses distractions l’inquiètent. Churchill est un lépidoptériste. Il s’inquiète pour son élevage et les papillons qu’il collectionne pendant les vacances. Churchill est ichtyophile. Il s’inquiète pour son élevage de poissons exotiques en aquarium.
Quelque part dans le sud de l’Angleterre, les soldats américains observent le Premier ministre dans son costume trois pièces rayé inspecter les nouvelles armes Thomson, aussi appelées Tommies, venues tout droit des États-Unis. La machine de guerre américaine est en marche. Les stocks d’armes et les rations alimentaires arrivent en masse. On construit des frégates, des bombardiers et des bombes. Churchill passe en revue les troupes en présence du général Dwight Eisenhower.
— Nous devons nous entraîner avant le débarquement ! Les Tommies sont arrivés ce matin ! Et mes soldats les apprivoisent…, l’informe le général Dwight Eisenhower.
— Vos soldats ! s’étonne Winston Churchill.
— Excusez-moi Monsieur le Premier ministre, je voulais dire nos soldats !
— Les Tommies sont-ils opérationnels ? demande Winston Churchill.
— Ils sont en parfait état, Monsieur le Premier ministre. Nous voulons juste nous assurer qu’ils le sont tous ! Pour ne pas avoir de problèmes une fois sur le terrain.
Disposées sur le côté, les mitraillettes Thompson s’empilent par centaines. Il va falloir les tester et en faire usage afin de s’assurer de leur bon fonctionnement. Winston Churchill saisit un Thompson et enclenche la gâchette de sécurité. Il pointe l’arme sur une cible et tire une fois, puis deux fois. « Monsieur le Premier ministre connaît les armes », lui chuchote le général Dwight Eisenhower. Churchill est irascible, il faut souvent le complimenter pour lui remonter le moral. Mais Winston Churchill s’inquiète pour les mitraillettes Thomson venues tout droit des États-Unis. Il souhaite s’assurer qu’elles fonctionnent toutes. « Ne vous inquiétez pas, nos soldats s’en chargeront », lui dit le général Dwight Eisenhower. Tout à coup, Winston Churchill prend du recul et vise la cible la plus éloignée. La cible est atteinte dans le mille ! Les soldats américains applaudissent la bravoure du Premier ministre britannique, ils aiment son côté humble et respectueux. Winston Churchill éclate de rire, il est comblé et applaudi par l’armée américaine.
— Quand on aura gagné cette guerre, je vous montrerai en personne ma collection de papillons, dit Winston Churchill au général Dwight Eisenhower. Toutes les couleurs, toutes les tailles, presque toutes les espèces !
— Monsieur le Premier ministre ! Vous collectionnez des papillons ! s’étonne le général Dwight Eisenhower.
— Des poissons exotiques aussi, continue Winston Churchill.
— Vous êtes un fin collectionneur !
— Ça me détend…, ajoute Winston Churchill en esquissant un sourire.
Le chauffeur du Premier ministre démarre la Jeep. Il est temps de rentrer à Londres. Winston Churchill est venu à la rencontre du général Dwight Eisenhower. La grande victoire approche, et Hitler sera vaincu. Winston Churchill forme un V avec ses doigts à l’attention des soldats américains qui le regardent s’éloigner, c’est sa marque de fabrique, V comme « Victory. Il salue d’un geste militaire le général Dwight Eisenhower et allume un gros cigare pour le chemin.
— On espère vous revoir bientôt, lance le général.
Alan Alfredo Geday
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