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L’histoire d’un château, 1900


 

Il était une fois un roi, Louis II de Bavière. Il était grand, il était beau, il avait dix-huit ans, et il fut couronné dans le bonheur du peuple. Il aimait la France, il aimait la monarchie absolue et les marques de sa grandeur. Il aimait les châteaux et les jardins à la française. Il aimait le luxe, le rêve et la beauté. Il ne voulait pas d’un empire allemand unifié par la Prusse protestante, et quand la Bavière perdit son indépendance, il se détourna de ses devoirs politiques. En 1871, il refusa même d’assister à la cérémonie d’unification de l’Allemagne dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Il aimait trop la Bavière, il aimait trop Versailles, il était un fervent catholique. Ainsi, le roi commença à vivre de plus en plus reclus, habité par ses désirs fantasques, ses goûts de plus en plus excentriques. On pouvait l’apercevoir en pleine nuit, traversant la Bavière sur un grand traineau, dans un costume d’époque. Il obligeait ses valets à se déguiser avec lui. Il vivait dans un conte de fées. Il vivait dans un autre monde. Ses dépenses étaient exorbitantes. Il vivait un déchirement intérieur, il aimait les garçons, mais il était très croyant. Il était sensible, il avait une âme d’artiste, mais il était roi. Son goût pour l’art, et pour le courant romantique en particulier, le poussa au mécénat. Il soutint Richard Wagner, qu’il admirait, et qu’il aimait en secret. Il lui fit même construire un palais pour ses opéras. Mais le roi en voulait davantage, il voulait être lui-même un créateur. Il voulait faire de la Bavière un monde féérique, romantique, de culture et de beauté. Il fit édifier des châteaux, dont le plus célèbre était le château de Neuschwanstein, le château du « nouveau rocher du cygne », qui fut élevé sur un éperon rocheux de deux cents mètres d’altitude et dont la splendeur devait rayonner dans tout le pays. Le château de Neuschwanstein ne fut jamais achevé. Le roi Louis II fut jugé fou et fut interné. Il ne demeura pas longtemps enfermé, le lendemain de son internement, il mourut en promenade avec son psychiatre. Les deux morts furent repêchés dans le lac de Starnberg.

 

L’imagination et la folie du roi Louis II devaient traverser le temps et les frontières de la Bavière, grâce au prince moderne des contes de fée. Louis II et Walter Disney joignirent leur destin et leur rêve. Ainsi, le château accueillit en 1955 l’histoire de cette princesse maudite à la naissance, sombrant dans un sommeil de cent ans. Les enfants du monde entier s’enchantèrent devant ce château. Une méchante fée, un dragon, un rideau de ronces, un prince courageux, un sort d’endormissement, tous ces artifices lui offrirent une nouvelle vie de fantasmes et de magie. Le château de Neuschwenstein devint le château de Walt Disney. Un merveilleux château pour la Belle au bois dormant, mais aussi pour Cendrillon, puis pour symboliser la féérie des studios Disney et devenir la figure de proue des parcs d’attractions.

 

Alan Alfredo Geday

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