top of page

Donnez une chance à la paix, 1969


Getty Images

 

À Amsterdam, les journalistes se sont levés tôt ce matin. Ils sont venus s’attroupés devant l’hôtel Hilton de la Venise du Nord. Ils se bousculent, car chaque journaliste veut être en première position pour interroger John Lennon. Ce n’est pas n’importe qui ! Enfin ! Comment se fait -il qu’on ne puisse pas voir l’entrée de l’hôtel ? Les reporters se comptent par centaines. John Lennon est l’un des Beatles. Celui qui fait trembler la jeunesse mondiale, celui qui défie pacifiquement le président des États-Unis avec son bed-in, celui dont le FBI a ouvert un dossier classifié de quatre cents pages. Les premières lueurs du jour illuminent l’entrée de l’hôtel Hilton d’Amsterdam. John Lennon et sa femme Yoko Ono ne vont pas tarder à se réveiller. Leur bed-in dure déjà depuis six jours. L’idée du bed-in est dérivée d'un « sit-in », dans lequel un groupe de manifestants reste assis devant ou dans un établissement jusqu'à ce qu'ils soient expulsés, arrêtés ou que leurs demandes soient satisfaites. John Lennon et Yoko Ono savaient que leur mariage du 20 mars 1969 serait un énorme événement médiatique. Ils ont alors décidé d'utiliser cette publicité pour promouvoir la paix dans le monde. La guerre fait rage au Vietnam, les marines américains meurent tous les jours, et la population locale souffre de famine. C’est la raison pour laquelle John Lennon et Yoko Ono ont décidé de passer leur lune de miel dans un bed-in à Amsterdam. Les journalistes se morfondent dans la brume. Le réceptionniste les a informés que John Lennon ne va tarder à faire son apparition avec son épouse Yoko Ono.

 

— Pourquoi ne pas dormir nus dans votre lit ? On s’attendait à plus de provocation ! demande un journaliste.

          —Yoko et moi avons préféré les pyjamas ! C’est quoi cette question ? Des gens meurent, des Américains crèvent au nom du capitalisme et de la nation dans cette foutue guerre du Vietnam. Moi je défie le président américain qu’il mette fin à ce carnage !

— John Lennon, ne vous énervez pas ! Nous voulons simplement vous entendre. Félicitations pour votre mariage avec Yoko Ono, et tous nos vœux de bonheur…

— Merci à vous de vous intéresser à notre acte militant ! répond avec douceur la femme du Beatle.

— Pourquoi la ville d’Amsterdam pour votre lune de miel ? renchérit un autre journaliste.

— Il nous fallait un endroit chaud pour dormir comme ce merveilleux hôtel… N’est-ce pas John ? sourit Yoko.

— Ce que nous faisons vraiment, c'est envoyer un message au monde entier, principalement aux jeunes, surtout aux jeunes… Il y a de nombreuses façons de protester, et celle-ci en est une. Et tout le monde peut se laisser pousser les cheveux pour la paix ou renoncer à une semaine de vacances pour la paix ou s'asseoir dans un sac pour la paix. Protester contre la paix, de toute façon, mais pacifiquement, parce que nous pensons que la paix ne peut être obtenue que par des méthodes pacifiques, et combattre l'establishment avec ses propres armes n'est pas bon, parce qu'ils gagnent toujours, et ils gagnent depuis des milliers d'années. Ils savent comment jouer le jeu de la violence, et c'est plus facile pour eux quand ils peuvent vous reconnaître et vous tirer dessus.

— C’est exactement ça ! ajoute Yoko Ono.

— Merci beaucoup pour vos réponses, répond un journaliste, son appareil photo braqué sur le Beatle. 

— Que pense Paul Macartney de toute cette histoire ? demande son confrère.

— On ne sait pas ! John Lennon est un ex-Beatle. Il fait une carrière en solo, il a ses propres opinions, s’énerve enfin Yoko Ono.

— Avez-vous écrit la chanson Imagine ensemble ? continue le reporter.

— Mes intérêts sont aussi variés que les styles musicaux que j’ai échantillonnés tout au long de mes 20 ans de carrière musicale. J’avais de la méfiance à l'égard de l'autorité que l'on retrouve dans Working Class Hero, de la politique dans Gimme Some Truth et de la littérature dans I Am the Walrus à la spiritualité dans Across the Universe et à la thérapie par le cri primal dans Mother, et je les ai tous immortalisés en chanson.

— Merci John Lennon ! Mais vous ne répondez pas à la question. Votre chanson Imagine

Imagine est un hymne à la paix dans le monde, le coupa Yoko Ono en lui esquissant un sourire.

— Mon dévouement presque total est celui du mouvement anti-guerre. Cela fait partie de ma priorité primordiale.

— Merci John Lennon… Et pensez-vous retrouver plus tard les autres Beatles ?

— Les Beatles, c’est fini ! répond sèchement Yoko Ono. John Lennon restera avec moi, à New York.

 

Alan Alfredo Geday

 

Comments


bottom of page