Tous les enfants de Louisville dans le Kentucky le connaissent sous le nom de Ali. Muhammad Ali ! Ce n’est pas son surnom mais bien son nom religieux. Le meilleur boxeur de tous les temps est né dans cet état sous le nom de Cassius Clay. Il commence à s’entrainer en tant que boxeur amateur à l’âge de douze ans. Cassius simule des coups dans sa chambre, il esquive, il sautille sur ses jambes, il imagine un adversaire coriace. Esquiver est son point fort, sautiller en rond pour esquinter son adversaire est sa technique. Muhammad Ali est bien bâti, mais dans les gymnases du Louisville certains sont plus fort et s’entrainent davantage. Mais Cassius Clay sautille tellement et tourne tant en rond pour agacer son adversaire qu’il remporte la médaille d’or aux Jeux Olympiques d’été de 1960. C’est une période, surtout une année, où l’Amérique est déchirée par la ségrégation raciale. Ali est noir, et il ne laissera pas tomber les siens, il ne passera pas à côté des actes racistes du continent, il ne sera pas aveugle face à la cruauté des Blancs dans le pays. C’est un révolté ! Après avoir remporté une médaille d’or aux Jeux Olympiques, il est réquisitionné pour le Vietnam. Le champion olympique doit partir en guerre. Ce jour-là, il déclare aux journalistes : « Le Vietnam ! Jamais j’y mettrai les pieds. Jamais j’irai au Vietnam. Je déserte le Vietnam au même titre que mon ami Malcom X. Mon ennemi est le peuple blanc, pas le Vietcong ou le Chinois ou le Japonais. Vous êtes mon opposant quand je veux la liberté. Vous êtes mon opposant quand je veux que justice soit rendue. Vous êtes mon opposant quand je veux l’égalité. John Kennedy, tu es mon opposant. Tu me défendras même pas en Amérique et tu veux que je me batte ? Jamais je mettrai les pieds au Vietnam. J’ai plaidé allégeance à la Nation de l’Islam. Je suis musulman. Je suis Ali ! Je suis Muhammad Ali, le grand, le boxeur de notre temps ! »
C’est ainsi que Cassius Clay se convertit à l’Islam. Il refuse et boycotte la guerre du Vietnam. C’est le boxeur de notre temps ! Issu d’un foyer modeste, Cassius Clay est déchiré par les atrocités commises envers sa communauté. Mais il n’ira pas au Vietnam, c’est sûr ! Deviendra-t-il le meilleur boxeur de tous les temps ? Ses premiers combats ne sont pas sans épreuves. Clay a été mis au tapis à la fois par Sonny Banks et Cooper. Dans le combat contre Cooper, Clay a été touché par un crochet du gauche à la fin du quatrième round et a été sauvé par la cloche, allant jusqu'à gagner dans le cinquième round prédit en raison de l'œil sévèrement coupé de Cooper. Et Muhammad Ali a une technique, celle de faire tourner son adversaire en rond indéniablement et indéfiniment. Clay et Jones, respectivement numéro deux et numéro trois des poids lourds, s'affrontent sur le terrain de Jones, au Madison Square Garden de New York. Jones assomme Clay au premier round, et la décision unanime en faveur de Clay est accueillie par des huées et une pluie de débris jetés sur le ring. Pour Ali, c’en est trop ! Il promet de se venger contre les journalistes. Cassius dévalorise ses adversaires pendant le combat avec des petites phrases telles que : « trop petit pour moi ». Muhammad Ali rêve de plus.
« Frazier est un outil stupide de l'establishment blanc », a dit Ali à propos de son adversaire. « Frazier est trop moche pour être champion. Frazier est trop bête pour être champion », a ajouté Ali. « Les seules personnes qui encouragent Joe Frazier sont des blancs en costume, des shérifs d'Alabama et des membres du Ku Klux Klan. Je me bats pour le petit homme du ghetto ». Tel est le théâtre auquel ont assisté les commentateurs, les journalistes et les organisateurs avant tout combat contre Muhammad Ali. Il ne se laissera pas faire. Ali est tombé à plusieurs reprises, et il tombe contre Frazier. Il a tout de même réussi à mettre KO trente-sept fois ses adversaires. « Mangez vos mots ! Je suis le plus grand ! J'ai secoué le monde. Je suis la plus belle chose qui ait jamais vécu », tel que l’a dit Muhammad Ali l’issue de son combat contre Liston à tous les journalistes.
— Peux-tu boxer comme Ali ? demande-t-il au petit garçon.
— Ali, tu es le meilleur !
— Non pas le meilleur mais le meilleur de tous les temps et pas seulement de notre temps ! réagit Muhammad Ali. Allez, boxe là comme Ali !
— Ali tu es notre modèle et notre légende ! Tu ne nous as jamais tourné le dos !
— Parce qu’en boxe, on reste toujours en face, on ne se défile pas ! Quand on est sur un ring, on ne peut pas tricher, quand on tombe, tout le public le voit, quand on gagne, tout le monde le sait. Je vis ma vie comme si j’étais toujours sur un ring, je sais d’où je viens et je n’ai pas peur de tomber.
Alan Alfredo Geday