Les agents secrets de la reine d’Angleterre ne sont pas choisis sur le tas. Avant tout, pour être au service de sa majesté, il faut un sens aigu de la loyauté et de la discrétion. Et de l’élégance, bien sûr. Un port de tête altier, un langage châtié, une retenue et un flegme anglais. Nombreux sont les candidats mais très peu deviennent « agent secrets au service de sa majesté ». Purdey, c’est son nom d’espionne, est agent secret depuis quatre ans. Elle ne craint pas de pointer un revolver sur l’ennemi, d’user de chloroforme, de fléchettes empoisonnées et de forcer tiroirs, secrétaires et trappes camouflées. Elle s’insinue comme une panthère dans les voies d’aération, fait tourner les portes cachées des bibliothèques, brise les fenêtres, escalade les murs, se déguise et joue n’importe quel personnage, de n’importe quelle nationalité. Elle est une ombre, une actrice, une cascadeuse et une fine diplomate.
Purdey parle parfaitement le Russe, et lors de sa dernière mission à Moscou, elle devait récupérer le diamant d’une descendante du tsar. La mission n’était pas si simple. Mais rien n’effraie une belle femme comme Purdey. Il fallait qu’elle courtise le mari de la descendante du tsar Monsieur Vodorski. Elle était prête à tout pour la reine d’Angleterre, et son accent russe était impeccable. « Mais comment se fait-il que vous parliez si bien la langue de Tolstoï ? » avait demandé Monsieur Vodorski. Purdey a eu très peur de se faire repérer, et elle a vite répondu : « J’ai étudié les lettres à l’université de Saint Pétersbourg ! » Monsieur Vodorski a vite été charmé par sa beauté et Purdey n’a pas hésité une seconde à son invitation de boire du champagne dans son appartement, non loin du Kremlin. Quelques coupes de bulles et Monsieur Vodorski s’est retrouvé endormi. La mission était vite accomplie. Purdey récupéra le diamant de la descendante du tsar qu’elle remplaça par une pierre cristalline de proche ressemblance. Mais quand on est un agent secret au service de sa majesté, on ne disparaît pas du jour au lendemain pour ne pas éveiller les soupçons. Alors que Monsieur Vodorski dormait, aux premières lueurs du jour, Purdey s’empara d’un stylo à plumes et rédigea une belle lettre d’amour.
Un taxi l’attend au pied de l’immeuble de l’appartement de Monsieur Vodorski. Et Purdey n’était pas seule dans cette mission. À quelques kilomètres de là, Steed, vêtu d’un chapeau melon et de mocassins beiges, met en marche l’hélicoptère. Il faut toujours avoir un plan de secours. Monsieur Vodorski est un homme intelligent. À son réveil, il découvre la lettre d’amour de Purdey, et des doutes l’assaillent. On ne sait jamais…
En taxi vers l’aéroport, Purdey voit qu’elle est suivie. Son ami Steed la surveille dans son hélicoptère jusqu’à l’aéroport. Alors qu’elle demande au chauffeur de taxi de ralentir, l’hélicoptère s’approche en douceur. Steed, l’agent au service de sa majesté, tend son parapluie. Purdey n’a plus qu’à le saisir, et la voilà sauvée. Ces agents de la couronne sont tellement britanniques, et si discrets.
Purdey est une héroïne !
Alan Alfredo Geday
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